Borgo par LiNkEl

Le film nous plonge dans le milieu carcéral corse, ses tensions et ses enjeux, mais surtout s'intéresse à l'histoire de cette jeune femme, gardienne, matonne, qui devient malgré elle la clé de voute d'un règlement de compte entre gangs.

1/1 quant au propos du film : la conclusion ambiguë permet au spectateur de faire la part des choses, de se mettre à la place des personnages et de comprendre qu'il est impossible de déterminer réellement si Mélissa est responsable de cet assassinat ou non, si elle a fait le "bon" choix ou non, si elle mérite d'être punie par la loi ou non. Au delà d'une morale, le film communique une complexité d'une situation construite sur des rapports de force et d'influence qui ne permettent pas d'accuser réellement cette femme d'avoir participé à un double meurtre : elle était acculée, menacée, sous pression, mais en même temps Saveriu lui a toujours laissé le choix et c'est de son prof chef que le matonne est allé avertir les criminels de la date de l'arrivée de la cible...

0,5/1 de maitrise technique : Très bon son, très immersif, des dialogues très bien rédigés et très réalistes car spontanés. Cependant, certains personnages sont trop peu traités et il y a quelques facilités (quand elle apprend par inadvertance l'heure et la date du retour de Rossi.

1/1 de maitrise artistique : Un casting absolument génial, Hafsia Herzi brilliante et Sams qui gère en mari dépressif.

1/2 de volonté esthétique : le film cherche à toucher plus qu'à convaincre et encourage l'identification, donc la communication des émotions. Il aurait cependant été mieux de ralentir le rythme et de laisser les acteurs s'exprimer (notamment dans les scènes de prison qui sont passionnantes, on en veut plus !). On sent que Demoustier avait des choses à communiquer mais il manquait un peu d'ambition et c'est dommage car il a les moyens d'aller au bout des choses !

3,5/5 : Un très bon film qui sait toucher et interroger tout public, notamment grâce à son actrice Hafsia Herzi et grâce à un thème, encore aujourd'hui, assez tabou car source de tensions.