OFNI bizarroïde

Le terme OFNI, comme on le devine aisément, qualifie un film résolument atypique, décalé, bizarre... Le genre dont on se dit que des comme ça, il n'y en a qu'un. Ce sont des films généralement méconnus, dont leur style n'a pas fait école et leur confère ainsi une certaine fraîcheur, une originalité.

Borrower aurait pu être un excellent OFNI. Il mélange incongrûment divers genres et se crée une ambiance foutraque et cocasse, appuyée par sa bande son rock rétro qui accentue avec brio son décalage. Tantôt film de SF, film policier, comédie, film gore, il alterne deux récits, deux parcours : l'exil terrestre du Borrower, un E.T. meurtrier transformé en être humain, et l'enquête d'une femme-flic qui poursuit à la fois un horrible violeur et cet alien bien pittoresque. Hélas à trop s'éparpiller, tant au niveau des genres que des péripéties, le film devient vite inégal et gâche ses indéniables qualités.

Parmi celles-ci, la principale est la succession de frasques potaches du Borrower, créature paumée et dégénérée qui, pour survivre, arrache les têtes pour revêtir l'apparence de ses victimes. Concept proche et surement inspiré du classique Hidden (1987) mais qui finit par tomber dans la maladresse et les incohérences. Cependant, par ces possessions successives, le film amorce une satire des inégalités sociales intéressante bien que pas assez aboutie. Les autres atouts du film sont bien rares, en plus d'être parfois subjectifs telle la scène introductive dans l'OVNI de lumière qui ravira les amateurs de nanars cheaps et kitchs, mais en déroutera beaucoup d'autres !

Au final, le film se conclut sur une fin ouverte ridicule qui laisse la sensation d'une oeuvre certes singulière mais très inégale, au potentiel gâché. Et dont l'oubli actuel semble compréhensible bien que pas totalement justifié.

Deuxième opus de John McNaughton, connu pour son traumatisant Henry, portrait d'un serial-killer (1986), ce dernier nous offrira en 1993 un nouveau mélange de genre atypique très différent mais beaucoup plus réussi : Mad Dog and Glory auquel je vous renvoie à ma critique.