Premier film du génial Wes Anderson, Bottle Rocket fait montre d'une incroyable innocence et pose les bases de ce qui va devenir un univers à part, comme une réalité dans la réalité du réalisateur autodidacte tout en abordant déjà des thèmes chers au réalisateurs : les relations familiales et ici plus particulièrement entre frères ainsi que la réalisation de soi et de ses rêves. Film initiatique, Bottle Rocket permet à tout un chacun de se plonger dans un film qui présage un avenir brillant pour son auteur.
1996, Wes Anderson, déjà ami avec les frères Wilson, décide de réaliser un court métrage qui va se voir transformer en long : Bottle Rocket est né ; l'histoire de 3 amis, ayant grandi ensemble, en quête d'aventure, voulant se surpasser, un peu stupides parfois mais tout ce qu'il y a de meilleur. Luke Wilson sort de l'asile, où il était enfermé de son plein gré pour retrouver son meilleur ami, joué par Owen qui a prévu un plan de vie pour eux, en commençant par un braquage. Vient s'ajouter au duo, un autre ami, en retrait mais tout de même très proche du duo : si les liens du sang ne sont pas, il n'en est pas moins que ces trois là sont comme des frères, de par leur amour, leurs disputes, leurs bagarres même et leurs idéaux, tous veulent progresser vers un niveau supérieur d'existence et s'entraider par la même.
En fuite après leur braquage, où ce qui semble l'être, les trois frères se retrouvent dans un motel. Owen Wilson, à la fois idiot fini et petit génie, est le plus rêveur, il s'inquiète de tout, veut monter plus haut, cherche à être reconnu, tandis que Luke, plus mature si on veut, cherche l'amour et le trouve. Bob enfant de riche, veut se rebeller sans vraiment le vouloir et pense avant tout à sa famille de sang. Les situations sont magiques, le coup de foudre superbe si bien qu'on suit avec un très grand intérêt l'aventure de ces trois hurluberlus et on finit même par les aimer.
On retrouve donc ce qui fait la base de l'univers de Wes Anderson : les situations, les dialogues et une histoire sans queue ni tête et pourtant extrêmement fluide, si bien qu'on n'a aucun mal à y croire. Bien sûr, on en est encore aux balbutiements et la maîtrise de la caméra et des acteurs n'est pas encore parfaite, si bien qu'on trouve quelques défauts : les personnages sont un peu criards parfois et les mouvements de caméra se cherchent encore, parfois un peu maladroits, parfois très bien posés mais la structure des films qui vont suivre n'est pas encore totalement établie. Pourtant, le charme est déjà là et haïr ce film parait impossible. Ces trois idiots qui ont foi en l'humanité et qui se retrouve dans une situation assez complexe, qui se font arnaquer de tous les côtés mais qui ont du mal à voir la vérité en face, on les aime et c'est tout.
Clairement, dès le départ, cette innocence et cette insouciance si souvent caractéristiques des films du réalisateur sont présentes et l'espoir est concrétisé dès le film suivant tant Wes Anderson parvient à établir des règles sans pour autant se compromettre à les suivre de trop près. Toujours innovants, ses films font rêver et c'est ce qu'on leur demande. Un coup d'essai réussi.