Un petit village perdu au fin-fond de l'URSS de 1947. La deuxième guerre mondiale est finie mais un camp de travail pour prisonniers Japonais est toujours là, non loin des habitations insalubres dans lesquelles tente de survivre Valerka, un jeune adolescent. Les temps sont durs mais lui court, grappille où il peut, chante à tue-tête. Sa mère peine à le supporter et on finit par ne plus vouloir de lui à son école. Cependant Valerka n'est pas seul. A ses côtés se tient Galia, jeune fille de son âge qui semble lui faire office d'ange gardien. Qu'importe qu'il la repousse, qu'il se moque d'elle, elle reviendra toujours pour lui sauver la mise en cas de coup dur. Même lorsque Valerka finit par faire se dérailler un train...
En premier lieu, il convient de prendre Bouge pas, meurs, ressuscite (quel titre !) pour ce qu'il est : une autobiographie de l'enfance du cinéaste. Tout ce que l'on voit dans ce film, il l'a connu et en a souffert. D'où un côté crû et réaliste présent tout au long du film qui confère à ce dernier une efficacité redoutable, et cela sans que le récit ne sombre dans le sordide ou la gratuité (hormis peut-être lors d'une fin un peu trop brusque).
Formellement, le film est une réussite. la mise en scène de Kanevsky, qui alterne scènes tournés en caméra portée et passages plus contemplatifs, est parfaitement accompagnée par une photographie en noir et blanc d'une très grande beauté. Le résultat est une esthétique qui arrive à la fois à faire percevoir la dureté de l'enfance du cinéaste, piégé entre les ruines qui lui servirent de foyer et la répression Stalinienne, mais également la légèreté de certains passages - notamment de son amitié avec le personnage de Galia.
La relation entre les deux protagonistes est justement le point de fort du film. Prenant à contre-pied tous les clichés attendus (ici pas de roman niaise, juste une amitié qui devient de plus en plus ambiguë au fur et à mesure que le film avance), illuminée par le talent des deux jeunes interprètes, elle offre les moments les plus touchants et les plus justes de Bouge pas, Meurs, Ressuscite. Et pourtant Dieu sait qu'il est compliqué d'écrire des personnages enfants ou adolescents avec justesse. Mais Kanevski a relevé le défi avec brio pour un résultat impressionnant, surtout pour un premier film.