L'entrée en matière de Duvivier est plaisante et singulière. Dans la foulée d'Antoine Doinel des " Quatre cents coups" de Truffaut, Duvivier met en en scène Jean-Pierre Léaud dans un rôle d'adolescent émancipé et rebelle, logeant une mansarde d'un immeuble qui plonge sur Pigalle. Le ton est léger, la poignée de résidents et ce reflet d'un parisianisme populaire sont pittoresques. D'autant que le cinéaste filme habilement l'intérieur de l'immeuble et les relations de voisinage.
Dommage que le sujet ne tienne pas la distance. Jean-Pierre Léaud est le personnage central du film et sa composition- qui me fait dire que l'acteur n'a jamais été aussi bon qu'à l'adolescence- est une vraie valeur ajoutée à cette figure de jeune désoeuvré en rupture familiale. Mais, si le Doinel de Truffaut était significatif d'une jeunesse difficile, le Jojo de Duvivier ne l'est pas véritablement. Il est anecdotique parce que Duvivier ne parvient pas à mettre dans le portait autant de vérité, comme pour les seconds rôles d'ailleurs, que l'auteur des "Quatre cents coups".
Si on trouve quelques belles séquences formelles, le film souffle le chaud et le froid relativement aux personnages, en ce sens qu'il propose des moments vrais ou originaux en alternance avec des moments moins sincères relevant du cinéma d'avant la Nouvelle Vague, pour rester dans la comparaison avec Truffaut.
Le film ne démérite pas complètement, a le bon goût de se maintenir dans une relative fantaisie et doit beaucoup à la vitalité de son jeune interprète (et aux sympathiques prestations de Pierre Mondy et Magali Noël, respectivement boxeur déchu et artiste de cabaret).