Voilà plus de 20 ans que je n'avais pas revu "Boulevard du Crépuscule", et quelque part, le statut d'archi-classique du cinéma avait sans doute embaumé mes souvenirs... Et puis on se retrouve (dans une impeccable version remastérisée) face à un script parfait, en équilibre magnifiquement tenu entre film noir et drame de la folie, à des dialogues d'une intelligence fulgurante, à des acteurs brillamment dirigés (ou tout au moins brillamment "castés" puisque Swanson et Von Stroheim interprètent une version infiniment perverse de leur propre histoire), le tout explosant littéralement dans des scènes qui dégagent une fascination vénéneuse étourdissante. Alors que, au bout de près de deux heures de bonheur cinéphilique absolu, Norma Desmond descend une dernière fois l'escalier des illusions, sous le regard dévasté mais toujours amoureux de Max, on se dit qu'on a bien affaire à l'un des plus beaux films du monde. [Critique écrite en 2004]