Difficile de regarder Boulevard du crépuscule aujourd'hui, tant les thèmes abordés ont été vus et revus - même si cela n'enlève rien à la valeur du film replacé dans son contexte de sortie. L'histoire de l'actrice déchue du cinéma muet, rêvant de son grand retour, a un goût de déjà-vu. Son jeu théâtral a bien une valeur documentaire, celle de s'imaginer à quoi pouvaient ressembler les grands spectacles il y a soixante-quinze ans, mais il rend certaines scènes assez poussive : est-ce que les acteurs sont aussi acteurs dans leur vie privée ? L'histoire d'amour croisée de couples dans lesquels au moins un membre est insatisfait fait du film une sorte de vaudeville contemporain. Le choix de montrer la fin de l'histoire au début du film et de faire un long flashback pourrait même relever du cliché dès cette époque. Enfin, le nombrilisme de Hollywood, qui fait des films sur les gens qui font des films, apparaît clairement : producteurs, acteurs, réalisateurs et scénaristes occupent la place centrale de l'intrigue.
Pour autant, Boulevard du crépuscule intrigue par quelques choix originaux, au premier rang desquels la description minutieuse de la manière dont le personnage principal, gigolo malgré lui, finit par être frappé du syndrome de Stockholm avant de s'en libérer dans un grand final sartrien. Même si on peut y lire une critique (facile) du mercantilisme de Hollywood, je trouve qu'au contraire ses parties prenantes sont rarement mal intentionnées - que l'on pense à Cecil B. DeMille qui cherche à protéger l'actrice de ceux qui ne sont intéressés que par sa voiture. Objectivement, c'est un beau film, bien rythmé, il n'y a rien à redire : si l'on n'a rien d'autre à se mettre sous la dent, on passe tout de même une bonne soirée devant.