Comédie dramatique par excellence, Boulevard du Crépuscule nous narre avec brio le destin d'un scénariste en galère et d'une richissime ex-star du cinéma muet hollywoodien, mégalomane et narcissique...
Et la première chose qui m'a frappé, c'est la qualité humoristique des dialogues concoctés par Billy Wilder, qui n'ont absolument pas vieillis ; chacun des protagonistes ne cessant d'user de répartie pour arriver à leurs fins. Notre auteur fera donc la tournée des producteurs, et plus particulièrement de la Paramount, afin de trouver preneur pour son pitch, jusqu'à ce que le hasard le fasse tomber sur une grande maison, apparemment abandonnée, mais en réalité occupée par l'ex-star et son domestique... La cinquantaine environ, et vêtue de noir, celle-ci se trouve à cet instant en plein deuil. Le deuil de son singe de compagnie. C'est dire sa solitude. Alors, apprenant le métier de l'homme d'une dizaine d'années environ son cadet, et ayant elle-même écrit un scénario foireux pour son grand retour au cinoche, madame profitera de la précarité du monsieur pour se l'accaparer.
Et, petit à petit, on découvrira à quel point ça ne tourne pas rond dans sa tête : totalement narcissique (elle adore se regarder jouer), ne supportant pas qu'on ne la désire pas - mais le reste elle s'en fout -, et prête à tout pour garder son toy-boy au point de se tailler les veines, madame s'avèrera aussi particulièrement jalouse. Ce qui tombera assez mal vu comment son hôte semblera peu scrupuleux dès qu'il s'agira de draguer la copine de son meilleur pote. En même temps, il faut dire qu'on ne l'aide pas trop, la "pauvre", à ouvrir les yeux... Bien au contraire. Elle a d'ailleurs depuis longtemps sombré dans la folie de sa gloire passée, pour ne pas dire trépassée...
A noter à ce sujet l'excellente surprise que de voir le réalisateur Cécil B. DeMille jouer son propre rôle, avec talent et grand plaisir semble-t-il. Un peu à l'image de tous les autres acteurs.
Plus prosaïquement, j'ai trouvé le film bien rythmé, malgré la voix-off à la première personne, très amusant donc (le quiproquo avec la voiture suivi de la séquence "esthéticiennes" notamment), pas tendre avec son propre sujet, Hollywood, et si le final m'a dans un premier temps un peu déçu
(J'aurais bien vu une fin cynique où le mec reste, définitivement embourgeoisé, comme cela semblait d'abord en prendre le chemin),
Billy Wilder rectifie très bien le tir en nous offrant finalement quelque chose de plus classique certes, mais surtout de plus esthétique et cohérent.
Un classique très maîtrisé.