Boy Kills World propose une histoire d'une simplicité désarmante, presque décevante. Autant l'avouer d'entrée de jeu, on est pas devant un scénario à casser des briques (mais bien d'autres choses). Le film de Moritz Mohr déroule sans trop de surprises mais, - et ça compense largement - il le fait avec une énergie débordante, délirante et communicative qu'on ne peut renier.
Dans une ville-état fantasmée où se mêle influences orientales et occidentales, un jeune garçon sourd et muet, Boy, dont la famille a été exécuté par Hilda Van Der Koy, la despote locale, se lance dans une quête effrénée de vengeance. Dans un rythme fou, d'un bout à l'autre de ces presque 120 minutes, sous l'impulsion d'un mystérieux Chaman qui fera de lui une machine à tuer, Bill Skarsgård détonne et ses combats spectaculaires, fluides et presque jubilatoires sont doublés d'une bonne dose de folie. A travers les traits d'esprit de son personnage, caractérisée par une imagination elle aussi en roues libres, le réalisateur ponctue ses affrontements de touches d'humour bienvenues et les mimiques de Bill Skarsgård appuient aussi subrepticement qu'efficacement cette voix off perpétuelle caverneuse et en décalage avec son personnage, rendant audible pour notre plus grand plaisir ses pensées incessantes à la manière d'un commentateur de film d'action des années 90. L'acteur est l'indéniable point fort de cette quête très vidéoludique où on a l'impression d'enchaîner avec le héros, les niveaux jusqu'au boss de fin dans un ballet chorégraphié de corps mutilés dans la joie et la bonne humeur grâce aussi à un duo de sidekicks qui apportent leur pierre à ce joyeux bordel. Dommage que l'innommable famille Van Der Koy n'ait pas bénéficié du même soin d'écriture. Si on écarte Sharlto Copley en présentateur égocentrique et l'énigmatique June 27 derrière son casque à la visière 8-bits, les bad guys manquent cruellement de piquant.
Quoiqu'il en soit, sans faiblir visuellement et sans ralentir le rythme, Boy Kills World nous mène par le bout du nez jusqu'à son dénouement qui nous laissera d'abord perplexe, mais qui ne manquera pas de nous donner le meilleur de ce qu'on était venu chercher (dans un dernier affrontement en forme de bouquet final) sans se douter qu'on lâcherait quelques rires entre deux mandales.