3 semaines après avoir vu Boyhood je me rends compte d'une chose: je ne me souviens presque de rien. Après la séance je me suis dit que ce film passait très vite, et donnait une sorte de vertige du temps qui passe, mais comme le ferait un album photo. En fait j'ai l'impression que la démarche de Linklater confine presque à une forme anti cinématographique, c'est à dire que la narration du temps vécu broie justement la sensation de durée qui devrait s'exprimer dans le plan en lui même. Hier, devant une image de La Maman et la putain (le monologue en plan fixe de Veronika), j'ai eu ce ressenti qu'on ne trouve pas dans Boyhood, c'est à dire que face à l'image elle-même, j'ai tremblé, j'ai été ému, j'ai ressenti quelque chose de direct, de cinématographique. Aussi ce plan, et ce film, je pense qu'ils me marqueront, alors que ce vertige que j'ai pu ressentir à la fin de Boyhood, je l'ai déjà oublié, et il n'y a pas une émotion face à l'écran dont je me souvienne. Paradoxal ce film sur le temps qui ne laisse pas la durée exister dans le plan, "le moment qui nous saisit"? Oui mais au cinéma, on saisit le temps justement. Dans le genre exercice de mémoire, la démarche de Tarkovski avec Le Miroir me semble bien plus pertinente, parce qu'il s'agit d'un film dans lequel on vit, dans lequel le temps laisse une emprunte, un film dont on ne cesse de se souvenir alors qu'ici on ne fait que regarder un enchaînement de "moments" sans valeur temporelle, sans emprunte sensorielle. Je dois dire que j'ai désormais la certitude de ne pas aimer Boyhood.
JohnnyBlaze
6
Écrit par

Créée

le 16 août 2014

Critique lue 277 fois

1 j'aime

JohnnyBlaze

Écrit par

Critique lue 277 fois

1

D'autres avis sur Boyhood

Boyhood
Sergent_Pepper
7

Un rêve : l’histoire du temps.

Boyhood fait partie de ces films à concept qui prennent un risque majeur : se faire écraser par lui en s’effaçant derrière cette seule originalité. Suivre pendant 12 ans les mêmes comédiens pour les...

le 18 janv. 2015

100 j'aime

9

Boyhood
Rawi
7

12 years a child

En préambule, je voudrais pousser un coup de gueule ! Depuis le temps que j'attends ce film, je n'étais plus à une quinzaine près mais ayant l'opportunité de le voir en avant première, je me rends...

Par

le 23 juil. 2014

88 j'aime

39

Boyhood
guyness
7

Une vie de mots, passants

Quand on lance un film expérimental de 2h46 avec une pointe d’appréhension, l’entendre s’ouvrir sur du Coldplay fait soudain redouter le pire. Faut dire que j’arrivais sur un territoire d’autant plus...

le 18 janv. 2015

82 j'aime

17

Du même critique

Casse-tête chinois
JohnnyBlaze
1

Infect.

Il n'y a à mon avis que deux situations qui permettent de détester réellement un film: quand on est déçu par ses attentes ou quand on va voir le long-métrage avec une mauvaise appréhension et qu'on...

le 3 janv. 2014

5 j'aime

1

Le Lac des femmes
JohnnyBlaze
10

Antonioni au Japon

Wow... quelle claque. Alors je vais livrer mon ressenti à chaud (avec toutes les erreurs d'appréciation qu'il comporte peut être): ici, Yoshida filme la femme, non pas la femme qu'on désire, mais la...

le 17 juin 2014

4 j'aime