Depuis Sundance, Boyhood a fait du chemin et est désormais classé au rang de chef d’œuvre par les américains, rien que ça !
C'est vrai que la réalisation de ce film est vraiment unique : le réalisateur, Richard Linklater, l'a débuté il y a 12 ans, et chaque année, il a tournée un morceau du film avec les mêmes personnages (Ethan Hawke, Patricia Arquette, Ellar Coltrane). Le résultat est plutôt réussi. Le spectateur suit la vie de Mason, un petit garçon timide et réservé trimballé dans le Texas au gré des divorces de sa mère (Patricia Arquette), et de sa/ses famille(s), et des déménagements qui rythme les âges du garçon.
J'ai trouvé le film doublement réussi. La réalisation est très bien faite, la bande son extra (avec la dernière chanson de coldplay, A sky full of stars). La vie de Mason et de sa famille s'écoule comme un long fleuve malgré les tumultes familiaux et les fracas de la vie, et leurs métamorphoses physiques n'apparaissent pas comme des coupures à l'écran, mais plutôt des évolutions naturelles et très fluides. On sent peu à peu le poids des années, surtout chez Mason, mais également chez les adultes ; au point de se sentir intégré dans la famille.
Ensuite, l'histoire. L'angle pris par le réalisateur n'est pas celui des grandes étapes de la vie (apprendre à lire, embrasse une fille, faire sa crise d'ado...) ; aucun de ces évènements de la vie de Mason n'est vraiment relaté. Sa vie est comme celle de tout un chacun, enrichie de petits riens et de moments anodins qui font que l'on devient qui l'on est une fois adulte ; c'est aussi la vie d'un garçon devenu adolescent qui peine à trouver sa place parmi les siens, et dans la vie. Plusieurs fois dans le film revient la difficulté de s'épanouir face à la pression parentale et sociale, lorsque tout le monde a déjà une idée bien conçue de qui l'on devrait être. Finalement, Mason parvient tout seul à trouver son chemin et à emballer ses cartons avant de prendre son envol.
Ce qui fait l'originalité du film est aussi peut être son principal défaut ; à filmer la vie d'une famille pendant douze ans, les mariages, les divorces, la vie entre deux familles, la découverte d'une passion, on a parfois l'impression d'une certaine apathie, à l'image de Mason. Les 2h45 passent sans trop de longueurs mais il m'est arrivé de me demander si certains passages étaient vraiment nécessaires, et où était vraiment le message à retenir. Je ne pense pas que la volonté du réalisateur était de nous livrer un parcours initiatique, mais les nombreuses désillusions qui s'égrènent pendant le film m'ont un peu perdu.
Au final, une jolie pépite technique au récit poétique, à voir pendant l'été au détour d'une après-midi. Je ne serai pas aussi enthousiaste que les américains ; par contre, j'aimerais voir la trilogie de Richard Linklater qui met en scène Ethan Hawke et Julie Delpy (de Before sunrise à Before midnight) !