Il en est des films qui me bouleversent.
"Boyhood" c'est l'histoire d'une vie artificielle mais je m'en fous. Famille américaine atypique, les personnages évoluent entre les déménagements et les désastres amoureux d'une mère aimante qui s'inflige des maris beaufs voire violents dans sa tentative désespérée de préserver sa famille. Le père autrefois absent tente tout au long du film de faire ses preuves auprès de sa famille retrouvée après six ans d'absence. La société américaine, culte des flingues et du coca est mise à l'écart de la famille qui semble traverser le temps, change sans cesse d'environnement pour fuir les erreurs du passé.
Sam et Mason grandissent, leurs relations d'abord conflictuelles dans l'enfance s'éloignent sous le regard impuissant d'une mère dépassée et fragilisée par les remous d'une vie contre laquelle elle doit constamment se battre.
La grâce des personnages, dont l'évolution est forcément juste puisqu'elle y est naturelle, est en accord parfait avec les paysages immenses des États Unis, d'une beauté en contraste avec la brutalité des gens parmi lesquels ils tentent de trouver leur place. La force des regards accompagne la psychologie complexe de chaque personnage, dans un contact à la fois intime et pudique.
Ce film est une ode à la liberté et à cette soif de changement perpétuel qui nous habite, et nous berce de country pendant les balades en Jeep.