Sentiment très étrange : les situations sont déjà vues, le film empile les clichés (beaux-pères alcooliques, gamin forcément doué pour l'art...), les ficelles se voient à 10km (l'alcoolisme en question, notamment, ou le passage des années symbolisés par des tubes ou des événements exhibés sous le nez des spectateurs), mais on marche de bout en bout. La faute - ou plutôt grâce - à des personnages extrêmement attachants et fort bien joués, qui parviennent à s'affranchir du concept éculé du film parcours initiatique pour devenir de vraies et parfaites incarnations d'êtres de chair et d'émotions. Le fait que Linklater ait filmé tout ça sur 20 ans est évidemment le principal moteur de cette réussite, mais c'est surtout grâce à ses acteurs que Boyhood fait sens au final. Sans chichis, sans effets de manche, sans prétention.
Bref, malgré ses faux airs de série télé raccourcie, et en dépit de quelques maladresses, un film qui ne peut que susciter l'empathie. En tout cas, si on me pardonne à mon tour de donner dans le cliché, rarement l'expression "tranche de vie" aura été aussi méritée.