En 2014, toujours à la recherche de défi narratif et technique, Richard Linklater concrétisait BOYHOOD dont le tournage s'est étalé sur douze ans.
En suivant de l'enfance à l'âge adulte le parcours de Mason, Linklater ne recherche pas véritablement à raconter une histoire mais plus à raconter la vie. Le projet peut paraître prétentieux mais ce qui nous est montré à l'écran reflète véritablement l'évolution d'un enfant comme les autres du XXIème siècle. Du fait de son ambitieux tournage, il ne possède aucune véritable structure scénaristique. Ce procédé n'est là que pour narrer l'intime du quotidien au cours de scènes où le caractère du garçon et sa personnalité se développeront. Rarement un film aura si bien retranscrit ce qu'est la vie dans ce qu'elle a de plus trivial et unique à la fois. Dès lors, une sincère humilité se dégage des images où aucun jugement ne vient parasiter le portrait de Mason. Il se dévoile petit à petit lors de ses hauts et ses bas jusqu’à ce final légèrement mélancolique où une nouvelle étape de la vie s'offre à lui. Jamais Linklater ne "sur-dramatise" les difficultés de l'enfance et de l'adolescence. Au contraire, avec sa mise en scène discrète, il laisse se déployer ses personnages lors de séquences d'un naturel impressionnant que de brillantes ellipses viendront relier. Il parvient ainsi à faire de BOYHOOD une œuvre universelle.
Tout est simple et beau dans BOYHOOD qui, à défaut de susciter des émotions vives en cours de visionnage, nous effleure pour mieux nous remuer ensuite. Une chronique douce-amère de la vie.