Entre sexualité perdue et mort dévêtue, chronique d'un(e) enfant brisé(é)
Un film qui marque. Assurément. On ne peut pas vraiment dire que le film démarre sur les chapeaux de roue. C’est vrai qu’il prend son temps pour s’installer et insérer le personnage de Brandon/Teena (rayer la mention inutile) dans cet univers plutôt sombre et peu hospitalier. Boys don’t cry nous montre ainsi la vie de ses jeunes, les dessous de la belle Amérique, le « comment vit-on quand on est différent ? ». Cette différence que personne ne veut voir, cette différence qui fait si peur. Brandon écope presque alors d’un statut de bête de foire pour les jeunes qui doutent de sa sexualité. Tout le monde est intrigué, tout le monde veut voir. Voir quoi ? Ce qu’ils ne peuvent pas voir, ce qu’ils ne veulent même pas voir en réalité. Accepter la différence, c’est ce que fait la belle Lana qui tombe amoureuse de Brandon. Pour les autres, Brandon n’est pas un garçon. Pire, c’est un animal. Le voir aux côtés de Lana est inacceptable, intolérable. Le propos du film noircit à vue d’œil, on tombe progressivement et pourtant très vite dans l’escalade de la violence et de la haine. Le film alterne entre les scènes sensibles entre Lana et Brandon et notamment une très belle scène d’amour et les scènes violentes et révoltantes. Toutes aussi fortes et puissantes les unes que les autres. Fortes et puissantes, c’est aussi ce que sont Hilary Swank et Chloë Sevigny qui pulvérisent l’écran de leur présence. Oscar plus que mérité pour Hilary Swank qui habite son rôle à la perfection. Cette peur de la différence, cette honte de la différence va pousser ces jeunes à commettre l’irréparable. Un final marquant, trash, violent qui nous laisse le souffle coupé. Brandon n’était pas un garçon. Et alors ?