A peine a-t-elle embarqué pour la Terre Sainte que la troupe de croisés hétéroclite commandée par le Chevalier Brancaleone aborde...un rivage italien. Le ton est donné, celui du ridicule, celui de la satire de moeurs et de l'aventure picaresque. On y trouvera de façon permanente une familiarité avec les Monty Python pour ses personnages délirants, avec Voltaire pour cette succession de rencontres qui, toujours, finissent par mal tourner, et surtout, avec Don Quichotte tant le chevalier exalté et téméraire Brancaleone, incarné par Vittorio Gassmann, évoque le héros de Cervantès.
Tournée quatre ans après "L'armée Brancaleone" du même Moncelli, cet opus, peut-être inférieur, n'est pas précisément une suite et se regarde sans qu'il soit besoin d'avoir vu les premières aventures de Brancaleone. A la tête d'une poignée d'éclopés et de bras cassés, Brancaleone entreprend de se rendre aux croisades en rêvant d'actions héroiques et d'une mort digne et honorable. Dans cette farce où les auteurs raillent la religion (chrétienne) pour ses crimes, son obscurantisme et son intolérance, et les moeurs moyenâgeuses plus généralement, Brancaleone ne connait que déboires et rencontres aux issues piteuses. Vittorio Gassman y trouve un de ses rôles emblématiques de fier-à-bras à travers lequel le génial acteur donnent ses lettres de noblesse au cabotinage.
Sans doute, l'humour est inégal et la réalisation sans élégance, mais ce sont des défaut que l'on surmonte facilement. En revanche, la comédie de Monicelli est probablement un peu trop longue à en juger par une dernière partie qui ronronne et ne propose plus grand'chose en termes satiriques.