Une expérience intime bouleversante
Brazil est de ces œuvres qui touchent à une faille intime et personnelle, qui résonnent dans l'inconscient comme si on frappait une immense cloche au cœur de nos désillusions, de nos fantasmes de vie différente. Brazil est la reproduction sur 2 heures du sentiment du noyé, qui voit le soleil percer l'eau et se dit qu'il y a pourtant de l'air au dessus.
Bien sûr, on en revient à 1984, à la critique de l'administration étouffante et inhumaine, qui broie l'homme par son poids. Mais pour moi, Brazil ne parle pas principalement de ça. Il parle avant tout d'une quête intérieure, celle de Sam, qui, presque sans le vouloir, poussé par la fatalité, arrête d'être celui qu'il est.
Ici l'amour est la liberté, et inversement. Dans la figure de celle qu'il aime, il découvre une force épatante qui balaye cette ville monochromatiquement verticale.
La fin européenne, la seule à voir, nous prend à la gorge, tel un nœud coulant. C'est notre monstre d'enfance qui prend forme, sous ce masque de No, qui nous terrifie et nous tue, un sourire aux lèvres.
Film à voir en version originale. Le doublage français altère dramatiquement la psychologie des personnages, en particulier de Sam, et en fait un idiot béta dénué de volonté.