Découpé en sept parties ponctuées de tubes de l’époque (on est dans les années 70), ce film est tout à fait mon type de films : bien sur par sa réalisation (caméra à l'épaule, jump-cuts, plans souvent courts) qui est parfaite pour cadrer des scènes très fortes voire éprouvantes mais réalistes psychologiquement, la justesse des dialogues et l’implication de l’interprétation à commencer par Emily Watson, sidérante.
Bon du fait que l’héroïne soit croyante, il y a des tas de références à Dieu, mais Von Trier critique clairement l’impact de la religion dans un petit village et comment les gens doivent se comporter parfaitement face aux commandements de Dieu, au risque d’être proscrit et damné, une fois mort.
Autour de l’héroïne, outre son mari, il y a Dodo, sa meilleure amie qui sera toujours là, la conseillant, la soutenant, la secouant et son médecin traitant : le docteur Richardson, un bel homme qui sera comme Dodo, un ange protecteur pour elle, complètement perdue face à ce qui arrive à son mari. Mais « Breaking the waves » n’est quasi jamais lacrymal, il y a même un peu d’humour, mais c’est surtout – Von Trier oblige – des séquences dérangeantes, crues, comme pour regarder une certaine vérité (son film suivant « Les idiots » ira encore plus loin).
Le film se déroule dans la tête de Bess, jeune femme que personne ne comprend – et ne peut comprendre – femme passive, victime de l’Amour qu’elle éprouve pour son mari, alors qu’elle avait jusque là offert tout son amour à Dieu.
Bien sur, c’est long – le film fait 2 heures 31 – mais Von Trier a l’art du montage, les scènes sont rarement longues et on ne sait jamais ce qui va être d’une scène à l’autre, changeant de personnage, de lieu parfois en un jump-cut. Il y a presque aucune musique (le film respecte quasi le « Dogme 95 »), ce qui rend les scènes encore plus fortes psychologiquement.
C’est un film qui montre le dévouement absolu et schizophrène d’une jeune femme qui peut-être a perdue son identité mais aussi l’impact de la croyance, de la religion chez une personne déjà très fragile psychologiquement.
Cela terrifie Dodo et le docteur Richardson qui tentent de la secouer, de l’aider, de lui rappeler qu’elle existe en tant que personne, qu’elle devrait exister pour elle-même et non pour les autres.
J’ai fini la séance en ayant les larmes aux yeux, assez fatigué psychologiquement et lui collant une note de 8/10, parce que c’est vraiment tout à fait mon type de films.