Après les péripéties du premier film Bridget file le parfait amour avec l'avocat Mark Darcy mais ça ne va pas durer.La popu miss Jones souffre de son décalage avec le milieu snob et guindé de son chéri,qu'elle soupçonne en outre de se taper sa charmante collaboratrice.Et en plus le queutard Daniel Cleaver,son ex prétendant,revient dans les parages avec la ferme intention de se la faire à nouveau.Trois ans après l'énorme succès du "Journal de Bridget Jones",la même équipe ou à peu près nous pond cette inévitable suite inférieure à son modèle.La production anglo-américaine comprend côté british la Working Title et versant US Universal et Miramax.La réalisatrice Sharon Maguire est bizarrement remplacée par Beeban Kidron mais elle reviendra aux commandes pour un tardif troisième opus,"Bridget Jones baby".Les scénaristes sont identiques avec Andrew Davies,Richard Curtis et Helen Fielding,l'auteur du roman adapté,mais on leur a adjoint le canadien Adam Brooks,rompu aux subtilités du ciné ricain,ce qui explique sans doute la lourdeur du script ici illustré.Les personnages du film initial sont tous de retour et leurs interprètes avec.En résulte une comédie de bonne tenue qui surfe sur la structure du "Journal de B.J." en en reproduisant servilement l'histoire.On a donc toujours la même journaliste trentenaire londonienne enrobée,gaffeuse et maladroite qui multiplie les bourdes et les situations gênantes,ses mêmes courtisans aux caractères opposés,le mec bien et rigide vs le dragueur compulsif déloyal,ses mêmes parents barrés et son même trio d'amis rigolos.Les scènes sont souvent calquées sur l'original ou juste un peu modifiées pour que ça ne se voit pas trop.Après tout c'est l'éternelle quadrature du cercle en pareil cas,si c'est trop proche du film précédent on déplore l'inutilité du truc,si ça s'en éloigne trop on regrette de ne pas retrouver ce qu'on a aimé précédemment.Coincés dans ce dilemme les auteurs tentent de donner le change en accentuant le burlesque de l'humour,le rendant plus hollywoodien que britannique,et en introduisant un séjour thaïlandais qui tourne au cauchemar à la "Midnight Express".Ce n'est pas franchement réussi et cet "Age de raison" s'en sort de justesse grâce à quelques saillies drolatiques bien senties et quelques séquences absurdes très destroy,ainsi qu'à l'abattage d'acteurs hors-pair qui font leur maximum,notamment un Hugh Grant une fois de plus irrésistible.Ce séducteur impénitent est devenu là présentateur télé et anime des émissions-reportages sur des villes à travers le Monde,mais dans son style bien particulier.Petit échantillon avec son escapade romaine lardée de réflexions qui tuent comme "à Rome,fais-toi des romaines!" ou "le Colisée,ce truc qui n'a plus aucun intérêt depuis qu'on n'y tue plus de chrétiens".Quant à l'héroïne,le virage vers l'exagération ne l'avantage guère et si ça passait dans "Le journal", on ne comprend plus cette fois comment cette pécore aussi grosse que débile peut provoquer le désir de ces deux types beaux et intelligents.Du coup Renée Zellweger rame sérieusement pour rendre supportable cette truie complètement idiote.Colin Firth restitue brillamment le stoïcisme d'un personnage constamment embarrassé par le comportement déplacé de sa petite amie.Il est à noter qu'il s'appelle ici Darcy,comme le personnage du célèbre roman "Orgueil et préjugés" de Jane Austen qu'il a justement incarné à l'écran.Autre private joke,ou coïncidence,l'actrice jouant Pamela Jones,la mère de Bridget,se nomme Gemma.....Jones!Les seconds rôles sont cette fois moins et moins bien utilisés qu'ils ne l'étaient trois ans auparavant,dommage pour les excellents Jim Broadbent,Shirley Henderson,Sally Phillips,James Callis,Celia Imrie et James Faulkner.Une petite nouvelle au casting,la jolie Jacinda Barrett qui nous réserve un twist final inattendu.Pour meubler un récit souvent en panne d'action Kidron balance une foultitude de hits musicaux insubmersibles genre "Like a virgin","Sorry seems to be the hardest world" ou "I'm not in love",hélas placés n'importe comment.