J'adore chez Jane Campion cette faculté à glisser dans ses films d'époque des histoires aux résonances modernes. Ici l'essentiel du scénario se montre d'un grand classicisme, mais c'est bien tout ce que l'on peut reprocher à Campion. Pour le reste le film est traversé d'une grâce et d'une beauté sidérantes. La réalisatrice livre ici une véritable oeuvre impressionniste, nourrissant le spectateur de sensations et d'émotions que l'on vit rarement au cinéma. Le soin apporté à chacun des personnages, en particulier féminins, n'est pas étranger à toute la beauté, la douceur et la délicatesse qui parsèment Bright Star. Le tout sans aucun excès formel. Un regard, une posture, un frémissement peuvent vous émouvoir aux larmes sans crier garde, au détour de n'importe quel plan. Avec une caméra tour à tour aérienne, semblant ne jamais toucher terre, puis pesante, quand l'espoir s'éteint peu à peu.
Abbie Cornish y est inoubliable, au même titre que Nicole Kidman dans Portrait de femme, ou Holly Hunter dans La leçon de piano. Déjà génial dans Le Parfum, Ben Wishaw excelle encore ici. Le couple qu'ils forment est de ceux qui s'impriment durablement dans l'esprit du spectateur.