Brimstone est l’histoire d’une traque infernale, où la volonté de puissance d’un dingue prend à la gorge tous les autres personnages, jusqu’au spectateur. Portrait du type qui n’a aucune intention de renoncer à son délire. Car comme tous les grands fêlés, il est du genre obstiné, supportant assez difficilement que la réalité lui résiste.


Dans le cas présent, le détraqué de service est un prêcheur qui n’a réglé ni son œdipe, ni son surmoi, ni ses frustrations archaïques. Ça donne un personnage d’autant plus terrifiant qu’il jouit d’une position sociale grâce à laquelle sa domination est renforcée.


Brimstone est un catalogue de la noirceur, servi par une construction narrative d’une belle efficacité, une image soigneusement composée - mais qui sait se faire oublier, une bande son assez finement dosée, des acteurs qui savent rester à leur place. Guy Pearce la joue un peu monobloc, et son personnage manque de nuances, de contrastes, et du coup, de complexité. Pour les autres, c’est un sans faute.


Le réalisateur néerlandais n’a pas bâclé le boulot : c’est plutôt solide et réfléchi.


Reste le scénario : suffoquant. On peine à reprendre sa respiration. Le déchaînement de violence et d’images à peine supportables est la plupart du temps justifié, ce qui est une gageure. Mais on frise le grotesque à 2 ou 3 reprises. C’est une œuvre qui déborde malheureusement à force de vouloir trop en faire. Le réalisateur n’a pas su s’arrêter et c’est à mon sens ce qui vaut à ce film de ne pas être une œuvre marquante.


Mention spéciale pour les paysages qui sont franchement remarquablement choisis. Le bluff fonctionne à merveille : voilà un film tourné intégralement en Europe et qui pourtant est sensé se dérouler outre Atlantique.


Cote décors cependant, un bémol qui vaut pour tant de films : les reconstitutions sont très belles, mais il y a une esthétique idéalisée et très proprette d’un monde qui ne l’était pas. La bicoque familiale ressemble davantage à un chalet de center parc qu’à une cabane du XIX paumée dans le Nord Ouest sauvage. Le bois n’a aucune patine, aucune souillure, aucun vécu. On voit le décor, sorti tout juste de l’atelier.

Abuls
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le 23 mars 2020

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Abuls

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