Emily, alias "Skunk" ("putois" en anglais), est une pré-ado un peu garçon manqué qui grandit tant bien que mal dans une banlieue anglaise assez défavorisée. Diabétique, douée d'une forte personnalité, elle vit avec son frère, son père, Archie (poignant Tim Roth), et une jeune femme au pair (que j'ai d'abord prise pour sa mère), Kasia. Cette dernière flirte avec un prof du collège de Skunk mais, au cinéma comme dans la vie, les choses ne se passent pas toujours comme prévu.
Dans le voisinage immédiat de cette famille, on trouve Rick, un garçon simplet mais gentil, que Skunk apprécie beaucoup, et les Oswald, le père veuf depuis peu et ses trois filles qu'on pourra bien vite et sans exagérer qualifier de petites fouteuses de merde.
L'histoire démarre immédiatement, dès les premières minutes, avec une violente altercation entre le père Oswald et Rick, que sa fille accuse de l'avoir violée - ce qui se révèle bien vite faux. Rick est traumatisé par cette agression et par les accusations qu'on profère contre lui et est interné, au grand désespoir de ses parents.
Je ne voudrais pas révéler ici les rebondissements de l'intrigue, je dirais seulement que ce film présente de nombreuses qualités qu'il s'agisse de la peinture sociale british très réaliste - avec quelques moments à la photographie très léchée - de la construction du scénario qui n'hésite pas à laisser planer des ellipses pour revenir ensuite sur le déroulement à posteriori des événements, ménageant ainsi un suspense quasi-insoutenable par instants (surtout vers la fin) - du jeu des acteurs, surtout les jeunes, bluffants de naturel...
Tout est globalement réussi dans ce film qui est à la fois un récit autour de l'adolescence - ses émois, sa violence, ses questions, ce passage si délicat entre enfance et âge adulte - et une superbe illustration de la paternité (thème que j'ai rarement vu traité pour le moment au cinéma) qui bouleversera en premier lieu tous les parents.
La seule réserve que j'aurais serait finalement liée à la douleur que j'ai ressentie face aux tragédies que déroule Broken, qui m'ont vraiment démoralisée, effrayée, coupé le souffle et fait pleurer, sans que je comprenne vraiment le message, la motivation du réalisateur derrière tout ça.
Ce cinéma n'est pas forcément celui que je préfère, mais il demeure qu'il s'agit là d'un bon film social qui vous placera dans des montagnes russes émotionnelles, dans la droite ligne de Fish Tank ou de All or Nothing.