Lors de la Cinexpérience #17 réservée aux filles, j'ai découvert Brooklyn.
Ce film a eu des avis très partagés soulevant un gros débat, qui peut être n'aurait pas eu lieu si la séance n'était pas exclusivement féminine. Du coup, une attente ciblée sur un film qui ne soulevait pas de réelles revendications à ce sujet. Un mal pour un bien, car c'est toujours très enrichissant de voir les différents points de vues et les différentes manières de ressentir un film. Bref.
Brooklyn est bien, même si il n'y a pas de problématique majeure pour nous spectateurs et pour nous européens en 2016. Est ce que cela en fait un mauvais film ? Non. Et je vais vous dire pourquoi.
Si Eillis avait été un jeune homme, qui débarque dans un New York en pleine expansion pour travailler et qui demande sa copine en mariage avant de rentrer au pays, qu'aurions-nous dit ? Quel homme, quel gentleman ! Et quel cliché ! Donc déjà, c'est l'histoire d'une jeune femme irlandaise débarquant aux Etats Unis dans les années 50. Ce n'est pas l'émancipation revendicatrice et militante que nous aimerions parce que cela nous parle plus, seulement c'est notre vision adaptée à une autre époque, les suggestions sont certes plus minces dans une réalité normalisé de l'epoque.
Je n'ai pas trouvé que l'histoire soit surfaite malgré un scénario légèrement mou, mais il est bon de rappeler que nous avons encore à faire à une adaptation ...
Aussi, les femmes ne sont pas plus clichées que les hommes ici, tout a sa juste place, tout a sa juste valeur. D'ailleurs, la famille de Tony, italienne, avec des frères limite analphabètes et des irlandais roux rugbyman, niveau cliché c'est un peu moyen. Et comme l'a justement fait remarqué une demoiselle lors du débat, les hommes sont plutôt en retrait et non pas dans la domination, excepté pour la demande en mariage foireuse et clairement dérangeante. Ces messieurs sont présents mais pas comme de tout puissant dictateur, dirigeant la vie de Eillis.
La polémique est, à mon avis, ciblé sur un mauvais sujet. Je n'ai pas ressenti de la romance dégoulinante d'une passion fleur bleue ni de la niaiserie. Simplement un contexte de vie difficile, à une période où la société imposait des codes, des règles, des "bonnes manières" et où exister à travers des choix, quels qu'ils soient, étaient compliqués et encore plus en tant que jeune femme, venant d'une famille sans figure masculine (ni père, ni frère, ni mari). Chose qui, indéniablement pour l'époque, était très mal vu. Changer de carcan, se détourner d'une norme était mal perçu en général. Devenir boulanger en ayant une famille de garagiste été tout aussi compliqué. Alors imaginez partir vivre à l'étranger.
Finalement, la nostalgie, le mal du pays est quelque chose de très actuel. Je le vois peut être trop d'un point de vue personnel mais arriver de sa petite campagne pommée où tout le monde se connait à la capitale, cela a de bons et de mauvais cotés. Cela implique de manquer des choses, d'être loin de ceux qu'on aime, et de choisir de vivre sa vie.
Le choix de l'Irlande je l'ai vu comme idéalisé, la vie dont elle révait avant son départ, plutôt attirant et facile finalement. Au delà de l'amour, l'Amérique est le choix d'une émancipation du FOYER et du confort rassurant des choses connues.
Je suis pour l'égalité de tout être humain, et je trouve ça dommage de se sentir visé en permanence, qu'on parle ou non d'une minorité, quel qu'elle soit, puisque ce sera toujours plus ou moins bien exprimé et il y aura toujours à redire. Attention, je n'insinue pas pour autant qu'il ne faut pas militer et s'engager. Pour moi, ça n'est pas, systématiquement, un critère essentiel d'appréciation. Et bien entendu, ce que je dis est très général et ne s'applique pas à toutes les situations. Ainsi, nous aurions pu aussi relever qu'il n'y a absolument aucune personne de couleur dans ce film...
Le problème, qui pour moi n'en ai pas un, c'est que le film raconte une histoire, point barre. Il n'y a pas toujours à s'interroger sur l'enjeu, le but, la problématique, la visée. Force est de constater que tout doit être engagé pour être crédible et apprécié, ou pas, même une simple histoire.
Bien sur, je ne suis qu'une débutante et une amatrice pas calée du tout et je parle donc avec mon ressenti.
J'ai apprécié retrouver des éléments que, justement, mes ainés me racontaient d'une époque, bien ou mal, mais qui sont retranscrits tel quelle dans Brooklyn. Simple et juste, sans enfoncer plus les uns que les autres.
Saoirse Ronan était, comme toujours, sublime. Et j'ai découvert un acteur, tout aussi bon Emory Cohen que j'ai hâte de retrouver à l'écran.
Dédicace à la mère et au frère de Ron Weasley.