Un coup asséné directement au cœur. C’est ce qu’on ressent en suivant le voyage d’Eilis, jeune irlandaise encouragée par sa famille à traverser l’atlantique à la recherche d’un avenir plus radieux que dans ses Highlands. C’est avec autant d’espoir que d’appréhension qu’elle débarque à New-York, impressionnée par un monde vaste, frénétique et diverses mais qui, elle s’en rendra vite compte, lui offrira de multiples opportunités de se réaliser. Elle devra ensuite se confronter au difficile choix d’un confortable retour au pays ou d’une plus aléatoire mais plus excitante vie d’immigrée au cœur de la grande communauté irlandaise de Brooklyn.
Le film traite avec une élégance rare et une finesse absolue de ce déchirement entre deux pays, de la douleur du déracinement et de la douceur de l’intégration. De la reconstitution très fidèle du New-York de l’après-guerre à une photographie particulièrement chiadée, Brooklyn est d’une grande réussite picturale (à l’image de son affiche magnifique). Certains tableaux suscitent un simple mais réel émerveillement, de ceux que l’on ressent dans des endroits étrangement familiers et particulièrement confortables. On est bien devant Brooklyn…
C’est bourré d’optimisme, ça parle d’amour avec naturel et évidence, sans guimauve. Le film de John Crowley touche à une sorte de pureté dans l’émotion. Il est surtout porté par une interprète lumineuse qui exprime toutes les nuances de son personnage avec fraicheur, tact et profondeur. Une certaine grâce miraculeuse accompagne le couple qu’elle compose avec Emory Cohen qui campe un jeune immigré italien au charme discret mais enjôleur. (Ils sont cro mignons tous les deux)
Le positivisme qui parcoure le film est peut-être sa limite, mais fait simplement un bien fou… Alors savourons.
Peut-être est-ce ainsi que l’on tombe amoureux d’un film ?