Après 19 ans, Edward Norton revient derrière la caméra pour nous présenter son film noir en pleine lumière : Brooklyn Affairs.
Avec des scènes et des musiques sublimes, Brooklyn Affairs a une esthétique particulière. Certaines scènes comme la fin de l’introduction du film où l’on trouve Lionel (Edward Norton) chez lui, ainsi que le concert au club de jazz sont magnifiques tant dans le son qu’à l’image. Cette esthétique est particulière parce qu’alors qu’il s’agit d’un film noir, le film se déroule quasi-complètement en plein jour. Ce parti pris est à mon sens réussi grâce à une bonne gestion de la lumière et les multiples clins d’œil de mise en scène du genre.
Les enjeux du film sont intéressants comme ils l’ont toujours été dans n’importe quel autre œuvre. En effet, gentrifier les quartiers pauvres après avoir exproprié les habitants a toujours été une question politique de vision dans le temps et dans l’espace et qui plus est majeur puisqu’il s’agit de beaucoup d’argent et de logements. Mais dans ce film-là ils ne sont peut-être pas assez approfondis. Même si j’ai trouvé cela suffisant et appréciable en tant que tel. Au contraire de la série The Wire qui comprend des enjeux similaires, celle-ci prend le temps (et a surtout le temps) d’aller plus en profondeur. C’est pourquoi The Wire reste au-dessus de Brooklyn Affairs à ce niveau-là. D’ailleurs, Norton n’a pas caché son inspiration en invitant carrément au casting deux acteurs de la série.
De manière générale, les enjeux du film montent artificiellement en tension à cause d’un manque d’implication du spectateur dans l’enquête. Ce qui est dommage puisque c’est celle-ci qui est à l’origine des révélations sur certains personnages et des enjeux politiques qui en découlent. Malgré cela, en faisant l’effort de m’y intéresser (ce qui n’est pas un bon point pour un film), j’y ai trouvé mon compte et ai pu, je pense, apprécier le film à sa juste valeur.
Aussi, le personnage de Norton, Lionel Essrog dit « Brooklyn » par son « père adoptif » Frank Minna (Bruce Willis) est apolitique. Il écoute sans véritablement donner son avis mais aide dans le même temps les deux partis, le promoteur immobilier et le mouvement contre la gentrification. Lionel Essrog prend le rôle de la médiation pour la paix entre les deux partis. Il ne cherche pas une solution au conflit mais plutôt de protéger les gens qu’il aime. On remarque cependant que Norton en tant que cinéaste montre que les plus honnêtes et les plus justes restent les membres du mouvement en ce qu’il montre des actes du parti opposé.


Brooklyn Affairs a réussi à se créer une identité particulière qui lui donne un charme. Il est dans la forme très réussi mais pour l’apprécier complètement, il faut s’y impliquer et ensuite se laisser guider. 

Moses Randolph (Alec Baldwin) à propos des gens qu’il veut exproprier pour construire : « They’re invisible, they don’t exist »

Josse2206
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le 6 déc. 2019

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Josse2206

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