Ceux qui auront déjà vu "Borat" ne seront pas surpris, car ce nouveau "Brüno" en reprend le principe trait pour trait. Jonglant entre la fiction burlesque, le faux documentaire et les caméras cachés, Larry Charles parvient une fois de plus à créer une surprenante osmose dont la première et indéniable qualité est l’efficacité. Car c’est évident, si on ne s’offusque pas de ce comique potache et outrancier dont Sasha Byron Cohen est devenu un grand spécialiste, c’est parce qu’il est au service de l’exploration d’une société, d’un univers mental qui – bien qu’il nous est familier – nous paraît ici totalement irréel. Ainsi réussit-on dans ce film à faire de la pire des grossièretés la plus pertinente des farces. Preuve en est : on est à chaque fois à deux doigts de s’offusquer, mais finalement on éclate de rire tant Cohen sait manier son génie de l’outrance avec plus de subtilité qu’il ne le laisserait penser. On peut même s’avancer à dire que sur ce point, "Brüno" a clairement fait passer un cap de pertinence et de maturité à la démarche de Cohen par rapport à ses précédentes provocations. Finalement on ressort de cette comédie riche de sensations incroyablement diversifiées : on est encore euphorique d’avoir autant ri ; on se sent saisi d’un nouveau regard que l’on porte désormais sur les mœurs de notre société ; et enfin et surtout on est admiratif de la remarquable performance de Sasha Byron Cohen qui, l’air de rien, n’a vraiment pas froid aux yeux. Et c’est finalement cela la vraie force de film : savoir tout dédramatiser en montrant qu’en fin de compte on est libre de rire de tout et de tout le monde, quelque soit la gravité du sujet ou la peur que celui-ci inspire... Alors en tout cas pour moi c’est clair : "Brüno", garant suprême de l’esprit des démocraties occidentales, moi je dis oui, oui, oui et quatre fois oui !