Premier long-métrage de Vincent Le Port, le film avait fait sensation au dernier festival de Cannes. Le film nous parle du meurtre qu'à commis le jeune Bruno Reidal, 17 ans et qui va nous retracer sa jeunesse et la naissance de ce mal. Alors que vaut ce premier film ?
"Bruno Reidal" est une jolie claque ! Un film passionnant, qui nous plonge dans la psyché malade de l'Homme avec une grande maîtrise de son récit, ainsi que de sa réalisation.
Ce film impressionne dans un premier temps de par sa maîtrise visuelle, ne serait-ce que par son premier plan, où on nous montre le meurtre, mais en se focalisant uniquement sur le visage de Bruno, où on l'on distingue la détermination, puis la jubilation lorsque le sang apparaît à l'écran. Une première scène forte, marquante et qui donne le ton du film. Pour un premier essai, on ne peut que s'étonner d'une telle maîtrise, là où normalement l'hésitation est bien plus présente pour ensuite développer sa mise en scène dans ses prochains films, ici Vincent Le Port frappe fort avec ce premier film où la beauté visuelle, mais aussi la cruauté de son personnage nous frappe grâce à sa maîtrise de sa mise en scène !
Entouré ici d'acteurs amateurs et relativement inconnus sur grand écran, on ne peut qu'être à la fois admiratif et troublé par le jeu d'acteur qui interprète la version de 17 ans du meurtrier, cette version qui va nous narrer sa version de son passé. Et qui dégage dans ce film, une palette de jeu très intéressant, où ne serait-ce qu'avec sa voix lorsqu'il narre son récit, arrive à nous troubler, nous inspirer autant de mépris que de pitié.
Car là est certainement une autre force du film, car malgré sa structure du récit assez linéaire, alternant flashbakcs et jugement du temps présent, le tout narré quasiment que par la voix-off de Bruno Reidal, le métrage va nous perturber en nous plongeant dans les méandres de l'esprit torturé du jeune Bruno. Agressions sexuelles, pulsions meurtrières, fantasmes inassouvis... Nous sommes face à un récit qui nous crie une souffrance intérieure où le jeune Bruno Reidal retrace son passé tout en étant désespéré de ne pouvoir en changer un seul morceau. Et c'est cette ambivalence qui nous est montrée avec beaucoup de force, car on peut aisément tomber dans une situation très ambiguë où on peut se prendre de pitié pour un être torturé, mais qui pour autant commet une des plus grandes atrocités. Et le réalisateur à la volonté de nous plonger dans la psyché du personnage, de voir qu'il se met à nu devant nous, et qu'il nous livre son récit avec sincérité.
Et à ce moment, le couperet tombe et le meurtre intervient dans toute sa froideur, sa cruauté... Une scène éprouvante où la caméra ne se détourne pas de l'acte en question, et nous montre que la miséricorde ou la pitié n'a pas sa place ici. Nous n'avons jamais été du côté de Bruno, mais simplement à côté de lui, tels les trois médecins qui examine le jeune meurtrier une fois incarcéré. Et c'est bien là, la puissance de ce récit, et comment le réalisateur nous la livre qui fait la force de ce métrage, en explorant la nature humaine, aussi étrange peut-elle être !
En conclusion, "Bruno Reidal" est, en plus d'un excellent premier film, tout simplement un très bon film qui vient se plonger dans la nature humaine, dans ce qu'elle a de plus trouble et sombre. Un film marquant !