Peu après la guerre de Sécession, un ancien sergent de la cavalerie (Sidney Poitier) se met en tête, avec un complice, incarné par Harry Belafonte, de convoyer un groupe d'anciens esclaves de couleur noire vers le Colorado, là où ils pourront démarrer une nouvelle vie. Sauf que leurs anciens maitres ne veulent pas se laisser faire.
A l'origine, Buck et son complice est un film réalisé par Joseph Sargent, qu'on connait surtout pour Les dents de la mer 4 (ou plutôt Les pirates du métro), sauf que des dissensions avec la production le font quitter le projet alors que le tournage avait déjà commencé. C'est alors que pour sauver les meubles, Sidney Poitier se propose d'en reprendre les rênes, ce qui n'est pas la meilleure façon de démarrer une carrière de réalisateur. Sauf qu'en fait, et malgré les circonstances, c'est pas si mal.
Car le thème et l'histoire auraient pu être un mélange de Blaxploitation et de Western, mais le film n'est pas si revendicateur que ça. Malgré quelques maladresses dues par exemple à l'utilisation du plan large (on se croit aux début du Cinemascope où tout le monde devait remplir le cadre), ainsi qu'à une interprétation un peu exubérante de Harry Belafonte, le tout se suit avec plaisir, et la réalisation de Poitier sait se montrer nerveuse avec la scène finale dans les rochers sans aller trop loin dans la violence. Voire touchante avec les scènes impliquant des indiens, car là aussi, ils parlent leur langue, mais sont montrés avec respect. J'aime bien les génériques, qui sont des instantanés sur une image gravée au sepia, comme pour figer l'histoire dans le temps, à savoir la liberté des gens de couleurs dans une époque opprimée.
Au final, le film sera un beau succès, et lancera la carrière de réalisateur de Sidney Poitier. Mais là, on sent au fond une envie de raconter une histoire forte, malgré quelques bémols.