Vive la musique cubaine ! Dans "Buena Vista Social Club", l'amour de la musique et le plaisir de participer à un projet commun rayonnent et nous enchantent. Les regards, les sourires, les gestes d'amitié entre musiciens témoignent d'intenses et jouissives relations humaines. Nos papis musicos aux rides expressives prolongent une jeunesse débordante et communicative. Spectateurs, levons nous ! dansons et chantons !
Après "Paris Texas", Wim Wenders et Ry Cooder collaborent à nouveau autour du Buena Vista Social Club. Une excellente idée ! Le cinéaste découvre Cuba, multiplie les tournages de rues à La Havane, s'imprègne de l'atmosphère d'un pays qui s'accroche en 1998 à la révolution et au "socialisme réel" (castriste). Les grosses voitures américaines des années 1950, entretenues avec soin, roulent encore, paradent comme des aristocrates dignement décatis entre les antiques immeubles à l'architecture coloniale espagnole ou le long du front de mer fouetté par les vagues.
Wenders filme les membres du Club chez eux, au studio d'enregistrement, en concert, dans des jardins ou d'autres lieux choisis. Honneur au playboy nonagénaire Compay Secundo (chant et armonico) qui collectionne les femmes et les fils. Le solide Eliades Ochoa (guitare, chant) ne quitte jamais son chapeau, ni sa guitare. Ry Cooder (guitare, slide) et son fils Joaquim (batterie) savourent en sidecar la vie des rues autant que la musique. Ruben Gonzalez raconte sa longue passion pour le piano, abandonné pendant dix ans avant la constitution du groupe. La chanteuse Omara Portuondo, rare femme du Club, est très émouvante en duo avec Ibrahim Ferrer (chant, congas, bongos).
De nombreuses scènes où la musique est reine restent en mémoire, tournées en studio ou en concert. Je pense aussi à ce tracteur doté d'une incroyable remorque qui s'avère être un bus à deux niveaux. Ou à cette grande salle de bal d'une vaste maison coloniale où garçons et filles s'exercent à la gymnastique avec une énergie joyeuse. Une pause musicale autour de Ruben Gonzalez et de son piano n'en est que meilleure !