Très chouette western en technicolor de 1944 qui a la réputation d'être le premier à s'intéresser aux indiens autrement que comme cible et grand méchant loup... Bon après, on entend tellement de bêtises qu'il ne faut pas croire tout ce qu'on dit.
N'empêche, c'est assez sympa de ce point de vue là, avec l'éternel héros qui fait la liaison entre les deux peuples, le scout au grand coeur élevé par les sauvages, avec nuque longue, impériale et veste à frange de rigueur...
C'est de l'histoire gentiment romancée, mais très agréable, avec une première partie attendue, les guerres indiennes, la poule à draguer (Maureen O'Hara, plutôt pénible que bandante d'ailleurs...), l'indienne amoureuse (la beaucoup plus affriolante Linda Darnell), le chef indien avec qui on chassait enfant (Anthony Quinn, forcément...) et l'indispensable romancier de l'ouest, fabricant de légende à 3 cents le kilo (l'inénarrable Thomas Mitchell).
Se baladant au milieu de tout ça droit et imperturbable comme à son ordinaire, Joel McCrea prouve que pour être une moule, il n'en pas moins une moule sympathique qui sait très bien faire le job. Tout d'une pièce, comme dans une bonne BD qui se respecte, notre héros n'est pas pour autant dénué de maladresse. Timide en amour, un peu illettré sur les bords, impropre aux moeurs civilisés, le bougre en devient très attachant.
J'ai bien aimé la seconde partie, quand le film change de direction, que les gros financiers de l'Est responsables des guerres indiennes, du massacre des bisons et des autochtones se font remonter les bretelles, et quand Cody se retrouve confronté à la gloire, la déchéance, le remords et la rédemption.
Mais j'aime bien aussi la charge féroce de Wellman contre la civilisation, prouvée dans le film par un exemple terrible, et sa vision touchante du grand Ouest sauvage. C'est un peu pour ça qu'on aime Fenimore Cooper, et c'est un peu pour ça et pour deux ou trois moments réellement émouvants, quelques éclairs de dureté froide et implacable aussi, que je conseille largement cette jolie chose.