Initials B.B.
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le 2 mars 2012
10 j'aime
Bullet Ballet (1998) - バレット・バレエ / 83 min
Réalisateur : Tsukamoto Shinya - 塚本 晋也
Acteurs principaux : Mano Kirina - 真野 きりな ; Tsukamoto Shinya - 塚本 晋也 ; Igawa Hisashi - 井川 比佐志.
Mots-Clefs : Japon - Noir et Blanc - Rue - Très Enervé.
Le Pitch :
Goda est un salaryman sans histoire jusqu'au jour où il apprend que sa femme s'est suicidée avec un révolver. Errant dans les rues, il tombe sur Chisato, une jeune paumée, et sur la bande de loubards qui l'accompagne. Tabassé, volé, Goda n'a plus rien à vivre... Alors puisque plus rien n'a de sens, il se met en quête d'un flingue et laisse libre cours à ses pulsions.
Premières impressions :
On ne peut pas tout voir. La production cinématographique mondiale est bien trop énorme et même à l'échelle d'un pays comme le Japon, il faudrait être un sacré acharné pour voir les centaines de films qui s'y produisent chaque année, et à l'échelle de l'histoire on n'en parle pas... Les rattrapages ne valent que sur quelques dizaines, centaines de films au mieux. Du coup, j'aurais pu rater Tsukamoto. Je l'ai d'ailleurs raté pendant vingt-cinq ans. J'avais entendu son nom, j'avais vaguement entendu parler de Tetsuo, mais comme je ne suis pas franchement branché horreur et que le gars a un peu donné dedans... Pour dire, j'avais presque oublié qu'un jour pas fait comme un autre, j'avais acheté un coffret Dvd comprenant Bullet Ballet et Tokyo Fist. Ce n'est que ce soir, quelques années après, que le hasard m'a fait regarder le premier (car oui, régulièrement, je tire au sort le film du soir). Et bordel quelle claque. Merci la chance.
Bullet Ballet, c'est un peu la Haine, mais en très, très énervé. Un film ultra radical en noir et blancs cramés, du Punk presque cyber, qui nous plonge dans une nuit Tokyoïte violente. Sans raisons, les blousons noirs écument les ruelles et éclatent les passants, loin des codes d'honneurs des Yakuzas. Les gangsters ont laissé la place à une jeunesse désabusée qui se drogue façon BFM TV, une jeunesse bruyante, qui cherche à ressentir des émotions au milieu d'une mégalopole qui les a déshumanisés. Alors pour vivre un peu, on se détruit, on prend de la drogue, on viole, on baise, on joue au trompe-la-mort. Sauf que dans cette ville, il y a aussi des trentenaires bien rangés. Des petits salaryman qui dé-vivent et à qui il faut un drame pour se mêler à la faune nocturne, parce que dans le fond, ces deux générations se ressemblent. Elles sont autant paumées l'une que l'autre.
"Arrête de te bousiller"
"En quoi ça te dérange ?"
Ce qui est passionnant dans ce film, c'est que malgré son aspect énervé et son cut rapide, l'action reste toujours super lisible. Pire, un plan sur deux est une merveille de photographie. Tsukamoto a un sens du cadre hors pair. Comme il utilise beaucoup les longues focales, son film a parfois des aspects de documentaire et on jurerait se trouver derrière l'épaule des protagonistes. Avec ses noirs très noirs et ses blancs cramés, la ville de Tsukamoto ressemble un peu aux photos de Daïdo Moriyama. Il y a du grain sur l'image et le ressenti est plus important que la propreté de l'image. Parce que Bullet Ballet, c'est surtout ça, un film qui se ressent, qui s'écoute. C'est parfois bruyant, c'est parfois un peu trop arty, mais surtout c'est dense. Le nombre de plans est incroyable. Et malgré ça, malgré les courses poursuites dans les ruelles, malgré les battes cloutées et les morsures, il y a aussi de sacrés moments de poésie. On dirait tantôt du Akira, tantôt du Chungking Express. Un putain de grand écart.
Alors ouai, il faudrait que je parle un peu des acteurs, d'autant que Tsukamoto joue lui-même ce rôle de salary-man qui pète les plombs. Il faudrait que je parle de Kirina Mano qui joue la gamine Chisato et qu'on a déjà vu dans le Labyrinthe des rêves de Sogo Ishii. Il faudrait que je parle de la musique aussi, mais en vrai, on perdrait du sentiment Underground si on sortait trop loin du film. Bref, alors que le petit livret contenu dans le coffret DVD promettait à Tsukamoto de devenir sous peu aussi connu que Kitano ou Miyazaki, on ne peut que constater qu'il est resté un réalisateur connu uniquement des fondus de contre-culture, et ça, c'est franchement dommage. Du coup, si vous voulez vous taper un shot d'adrénaline, trouvez-vous Bullet Ballet et après on causera cinéma.
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Créée
le 13 janv. 2023
Critique lue 48 fois
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