Il y aura fort à parier que les gardiens du temple se lamenteront encore et parleront de Bullet Train comme d'un sous Guy Ritchie (comme s'ils avaient déjà aimé un de ses opus post Snatch, les coquins !), voire d'une Tarantinade fatale.
Tout comme ils vous diront sans doute que des néons flashy ne sauraient tenir lieu de direction artistique, ou encore que le blockbuster, dans les mains d'un tel étron, dégénère.
Mais qu'est ce qu'ils attendaient ceux-là avec David Leitch aux commandes, eux qui avaient déjà descendu Deadpool 2, Fast & Furious : Hobbs & Shaw et dans une moindre mesure, Atomic Blonde ?
Tout cela pour vous dire que Bullet Train, c'est exactement la même chose, et qu'il ne faudra donc pas venir pleurer si vous êtes déçus.
La formule proposera donc tout ce qu'il y a de plus classique, avec comme défaut, peut être, de durer un chouïa plus longtemps que ce qu'il a à raconter. Et de jouer un peu trop sur les coïncidences, même si c'est le centre de l'intrigue au final.
Mais Bullet Train demeure sympathique car il se montre généreux, plutôt agréable à l'oeil et tord son high concept jusqu'au bout, rempli jusqu'à la gueule de personnages pittoresques carrément à l'ouest, à l'image de sa figure de proue de Brad Pitt jouant avec un plaisir contagieux le type largué qui n'a jamais prise sur les événements dans lesquels il est embarqué.
Et puis, il faut reconnaître que Bullet Train bénéficie à fond du charisme de l'acteur qui s'amuse comme un petit fou, tout comme l'ensemble de ses camarades.
David Leitch, lui, emballe plutôt bien l'action, tout en tirant parti de son quasi lieu unique et en l'agrémentant d'un certain sens du spectacle, d'un humour faisant souvent mouche et d'une narration morcelée déjà mille fois vue mais sympathique, évitant la monotonie à laquelle le film était promis.
Et surtout, David Leitch, lui, n'oublie pas que le spectateur demande à s'attacher pour être conquis. Et il fait le job de manière brillante à ce niveau, permettant que l'on se souvienne, à la fin de la séance, de quelques personnages, de haïr d'autres pourris jusqu'à l'os pendant quelques minutes ou de déplorer le trop court passage d'assassins qui auraient mérité de voler la vedette à Brad.
Soit, de mémoire récente, tout le contraire d'un film comme The Gray Man, qui, pour s'imposer comme blockbuster streaming, fait tout exploser à l'écran mais en oublie carrément de faire ressentir quelque chose d'autre que le bof sans conviction de fin de lecture.
Et même si, sous la plume de quelques uns, ce type de plaisir est dérisoire, ou pire, décrit comme vil, cela n'empêche pas David Leitch de remplir son contrat haut la main : offrir un divertissement estival en forme de jeu de massacre méchant, généreux et enjoué apte à faire oublier la mauvaise journée que le masqué a passé...
... Mais pas le sommet du genre, le délirant Mi$e à Prix.
Behind_the_Mask, fan des Brad-eries.