Quoi de mieux comme matière pour Larry Clark que ce fait divers à l'origine de Bully. Le réalisateur qui se nourrit des dérives, des excès et de l'inaltérable opposition entre l'envie de vivre et l'inconscience de l'adolescence nous offre encore une fois un film vrai, cru, dur, voyeur et implacable ou excelle le regretté Brad Renfro. En adolescent perdu, a fleur de peau et influençable, il captive, accompagné par des visages maintenant bien connus et reconnus comme celui de Michael Pitt ou de Nick Stahl. L’œil de Larry Clark, que ce soit en photo ou pour un film, montre à quel point il aime ces adolescents qu'il dépeint toujours sans jugements dans ce qu'ils ont de plus incompréhensible, bien souvent pour eux mêmes. Bully, c'est un peu brûler la vie par les deux bouts, c'est toute la construction de l'adolescence et bien souvent pour Clark, la part de responsabilité des adultes dans cette période de la vie de leurs enfants. En plus d’être un thriller, c'est un constat, un reflet, le fait divers exemple du malaise d'une jeunesse en manque de repères et de barrières, un film qui vous prendra aux tripes.