Acteur assez prolifique dans les années 90, l'excellent Warren Beatty a disparu des écrans depuis 2000, année durant laquelle il annonça son intention d'entrer en politique (il semble qu'il ait laissé tomber cette idée depuis). Ses velléités politiciennes ont été exprimé dans les médias mais aussi et surtout au travers de Bulworth son premier film en tant que réalisateur.
De fait, Bulworth est tout sauf un film de studio au même titre que le sympathique Mafia Blues d'Harold Ramis auquel on aurait tort de le comparé malgré un ton parodique légèrement similaire. En effet, Bulworth est une œuvre très personnelle ou Beatty critique les travers de la classe politique américaine dans son ensemble sachant qu'ici le héros est un sénateur démocrate ce qui permet au réalisateur de briser la traditionnelle opposition entre ces derniers et les républicains, les mettant ainsi sur un pied d'égalité sur l'autel de l'hypocrisie.
Suite à un twist hilarant et libérateur, le personnage principal va s'appliquer à exploser toutes les conventions de son milieu, dénonçant la mauvaise foi, l'arrivisme et la lâcheté de ces collègues dans des scènes jubilatoires (la scène du meeting démocrate est un grand moment !).
Fort d'une belle maîtrise du comique de situation et d'une mise en scène dynamique, Beatty livre un cocktail détonnant malgré quelques petits défauts comme les rap du personnage principal qui finissent par devenir lourds (paradoxalement, la bande son est énorme avec entre autre du 2Pac et du Dr Dre) à la longue, un mélange des genres pas toujours réussi (la comédie romantique, la comédie dramatique, la comédie tout court, le film politique, et même un petit côté thriller) ou encore une certaine naïveté dans le propos qui est pourtant révélatrice de l'émotion du film.
En effet, Bulworth ne tombe jamais dans la caricature ni dans la démagogie (même si il la frôle parfois) et au-delà de la dénonciation du système politique, le film se révèle être un étonnant plaidoyer en faveur du rapprochement de tous les américains et d'une Amérique unie. Ainsi, la romance complètement inattendue entre le personnage de Beatty et la toute jeune (et déjà sublime...) Halle Berry incarne cette idée et brise les tabous de la fiction ricaine en confrontant deux monde totalement opposé (un membre de l'establishment qui tombe amoureux d'une jeune black du ghetto de presque vingt ans sa cadette, avouez que c'est assez culoté).
Drôle, iconoclaste et politique incorrect (c'est le cas de le dire !), Bulworth témoigne de l'engagement de son réalisateur/acteur/ scénariste et s'avère être un premier film très réussi dans un registre pas si fréquent vu que les films politiques son souvent des drames ou de pur thriller.
Un métrage un peu oublié et à voir absolument si vous en avez l'occasion.