Il est pas Moshe Hartnett
Véritable O.V.N.I. filmique en carton pâte, bariolé et sous influence, embarquant un lot de guests aussi improbables (Gackt) qu'étrangement fourrées dans la même galère (Josh Harnett), Bunraku...
le 22 mai 2012
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Bunraku est un film de bagarre américain sorti le 11 septembre 2010 au canada et le 26 septembre de la même année aux États-Unis. Disponible en France depuis 2011 en direct to DVD, il est sorti de la tête d’un jeune monsieur, un cinéaste qui s’appelle Guy Moshe, et dont c’est le second long métrage. Son premier s’appelle Holly mais n’ayant pas fait l’unanimité dans la critique ni beaucoup d’entrées en salle, peu de gens le connaissent aujourd’hui.
L’aventure Bunraku commence par un petit cours de philosophie comme au théâtre japonais : une voix-off nous explique que toutes espèces, toutes époques confondues, nourrit un intérêt naturel pour le conflit et ce pour plein de raisons : que ce soit pour satisfaire des besoins primaires, pour la liberté ou pour agrandir des territoires.
D’entre toutes les espèces, une est particulièrement douée en ce qui concerne le conflit : l’Homme. Rassurez-vous, l’intention ici n’est pas moralisatrice pour un sous, il s’agit simplement de planter le décors puisque le film prend place alors que l’humanité en est arrivée à un point où elle a à sa disposition plus de moyens de tuer que de faire du pain ou de faire l’amour. La plupart des nations sont entrées en guerre et de nouvelles figures d’autorité ont prit le pouvoir.
À l’Est de l’Atlantique, la figure d’autorité la plus puissante est un diable nommé Nicola qui a choisi apparaître aux yeux des gens sous la forme d’un bûcheron. Vêtu d’une cape noire et d’un chapeau à larges bords, c’est Ron Perlman qui l’interprète. Il dirige sa ville d’une main de maître jusqu’à en posséder les établissements les plus luxueux qu’il fréquente de temps à autres afin de se distraire, et à se faire représenter en ville par un gang de neuf tueurs sanguinaires.
Décor planté, l’enjeu narratif principal de Bunraku est la libération de la ville par deux voyageurs particulièrement silencieux qui débarquent de nuit à bord d’un train. L’un est un cow-boy sans flingue interprété par Josh Hartnett, acteur connu pour avoir joué entre autres Slevin dans Slevin ou encore Danny Walker dans Pearl Harbor. L’autre est un samouraï sans sabre interprété par Gackt, artiste musical très apprécié au Japon. Pour le moment ils ne se connaissent ni d’Eve ni d’Adam, cependant ils ont pour point commun de descendre au même endroit.
Avec l’aide inespérée d’un barman à la sagesse immense, ils vont remonter la chaîne alimentaire jusqu’à affronter Nicola en personne, terrassant par la même son gang et son influence sur les citoyens.
Dans le cas d’un film comme Bunraku, il est inutile de parler scénario : ce dernier est risible, blindé de clichés à en faire déborder une soupière. Il est également inutile de parler photographie puisque celle-ci vient perforer les globes oculaires du spectateur au bout de quelques secondes à peine.
Ce dont il faut parler, en revanche, c’est son aspect patchwork car Bunraku en est un immanquable. À l’instar d’un Kill Bill, il brasse une quantité gargantuesque de référence à la pop-culture : tantôt des cases, des planches de BD, tantôt des séquences d’animation nous renvoyant aux plus belles années de notre jeunesse lorsque nous regardions DBZ en pyjama, ou tantôt des clins d’œil malicieux adressés aux joueurs de jeu d’argent et de jeu vidéo. D’ailleurs, en parlant de jeu vidéo, la construction même du film est calquée sur celle d’un beat’em all à la No More Heroes. En effet, chaque scène y est une sorte de niveau, de stage avec son ambiance propre, dans lequel il y a un certain nombre d’adversaire à abattre : le stage du bureau, le stage du cirque, celui de la prison, etc. Et les méchants secondaires, les neuf tueurs de Nicola, sont en fait des mini-boss censés ralentir la progression des deux héros vers le vrai boss de fin du jeu. La musique apporte également beaucoup à ce parti-pris puisqu’elle est figurative : elle évolue en rythme avec les événements, les dialogues, les acrobaties des personnages pendants les combats, et comporte son lot de petits bruitages empruntés aux plus grands succès de l’arcade.
Qu’est-ce que cela à d’original ? pourrez-vous penser. Cela à d’original de présenter au spectateur un univers construit à partir de choses qu’il aime dans lequel il pourra éventuellement se retrouver et s’épanouir s’il le souhaite. De le replonger dans une lointaine époque où le cinéma était bon, inspiré, et où les créatifs étaient des créatifs et non des marketeux tirés à quatre épingles juste doués à signer des chèques. De le bercer lentement, tout simplement.
Bunraku est en né d’une très bonne intention même s’il souffre de certaines faiblesses. Et en cela, il est un très beau cadeau à offrir à vos proches pour les fêtes de fin d’année.
Joyeux Noël à tous, aux plus heureux comme aux plus démunis… à tous, très sincèrement.
Regardez la vidéo dont est tirée cette critique !
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Créée
le 27 avr. 2015
Critique lue 443 fois
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