La loi du plus fort

Ce long-métrage turc nous entraîne au cœur du baptême du feu d’un jeune procureur, fraîchement débarqué dans une petite ville de province. La scène d’ouverture est pour le moins vertigineuse. Au bord d’un cratère nouvellement formé, le sentiment d’impuissance face à cette force de la nature nous envahit. Ce sentiment ne nous quittera plus et en sera même décuplé : la loi de la nature est une chose, la loi des hommes en est une autre. Cette dernière peut devenir redoutable quand les dès du jeu sont pipés...

La partie se joue en 3 actes. Sur l’échiquier, l’homme de loi nouvellement arrivé occupe une place de choix. De son rang, il fait autorité. Mais c’est sans compter sur les acteurs locaux (maire, notables, juge), qui au grès des coups engagés font alliés. Le jeu ne s’arrête pas là, peut-on vraiment compter sur l’indépendance de la presse locale ?

A travers, une réalisation maîtrisée et avec des personnages forgés et charismatiques, ce film nous plonge au cœur d’une poudrière où se mêlent histoire de corruption et spirale piégeuse. Il est aussi question d’isolement dans l’exercice de la justice et de xénophobie. En tant qu’étranger, il est demandé de ne pas se faire remarquer et comme il se doit de s’intégrer, pour ne pas déranger.

Quand l’exercice de la justice ne tient plus qu’à un mince fil tendu au dessus du vide, il n’est pas possible de faire de vagues. Si l’on ne veut pas périr, il ne reste plus qu’à faire profil bas pour rejoindre l’autre rive...