A défaut d'être toujours transcendante, la production cinématographique made in Netflix explore une grande variété de genres et semble offrir un minimum de liberté à ses cinéastes. Ainsi, une oeuvre comme Bushwick n'aurait jamais trouvé le chemin des écrans sans le service de VOD, la faute à son sujet explosif.
Vendu un peu vite comme un nouvel actionner concept tourné en plan séquence, Bushwick est aussi un des tout premiers films à commenter le contexte post-élections US : une oeuvre sans concessions et furieusement actuelle qui n'est rien d'autre qu'une allégorie sur la montée d'un extrémisme politique qui cherche à éradiquer toute forme de diversité ethnique et culturelle.
Cette charge politique constitue donc le coeur d'un sympathique survival qui compense astucieusement son manque de moyen par une utilisation très habile du décor et du sound design, parvenant ainsi à créer une ambiance étouffante de guérilla urbaine particulièrement réaliste.
Dommage que la mise en scène en plan séquence, aussi virtuose soit-elle, n'apporte pas grand-chose en dehors des scènes d'action et finisse par diminuer l'impact dramatique de certains passages. C'est d'autant plus regrettable que le film propose une galerie de personnages attachants, campés par des interprètes investis (Dave Bautista dans son meilleur rôle à ce jour), et qui sont autant d'archétypes sociaux de l’Amérique contemporaine.
Enfin, Bushwick se révèle un peu frustrant dans la mesure où il n'embrasse pas pleinement son formidable potentiel pamphlétaire notamment en ne faisant qu'effleurer les causes de l'invasion milicienne au détour d'un dialogue de cinq minutes....
Néanmoins malgré ces quelques défauts, le film de Cary Murnion et Jonathan Millot, reste une excellente série B dotée d'un cachet très 80's (le grain de l'image et le score d'Aesop Rock qui a un petit côté John Carpenter). Une version gauchiste de l'Aube Rouge qui démontre que le cinéma de genre est souvent le meilleur vecteur pour aborder des sujets brûlants. Ce n’est pas aussi subversif qu'un Verhoeven mais ça fait un bien fou !