" Avec le temps, va, tout s'en va ..."
Mais où est passé Betty de " 37, 2, le matin" ? Il semblerait quelle se soit engluée dans le corps de Béatrice Dalle, fidèle à elle-même, ni bonne, ni mauvaise, juste enfermée dans une posture inchangée ... Bref, je n'ai pas trouvé l'histoire au présent convaincante du tout, j'ai pas compris du tout le pourquoi du comment du comment du pourquoi. Mais en gros, si j'ai bien compris Despentes écrit mieux qu'elle ne filme et c'est bien tant mieux pour elle parce que sinon ça serait un crime littéraire en plus d'être assez régulièrement un crime esthétique. Heureusement que Béart est magnifique et tente un peu la sensualité parce que sinon le "présent" serait un peu laid, la traduction de "no future" par Gloria n'est pas glorieuse (excusez le jeu de mots un peu foireux).
C'est bien dommage parce qu'il y a quelques bonnes idées dans le film: la cabane de Gloria, le marivaudage un peu complexe avec le mari (Pasacl Gregorry, touchant), les scènes de passé tout droit sortie de la 4e dimension, le désir qui resurgit mais, à mes yeux, c'est surtout au passé que tout se joue, comme si, définitivement, il ne fallait pas chercher à revoir son amour de jeunesse: Soko (Gloria jeune), comme toujours d'ailleurs, illumine le film même quand elle hurle, se tort et se rebelle comme une ado qu'elle est, c'est bouleversant et plein de sincérité, on a envie de croire à l'amour de ces deux filles jeunes et à fleur de peau.
Le présent s'étrique trop, les oppositions sont trop simplistes et finalement, on n'adhère pas vraiment à ces retrouvailles un peu clichés (sans dépasser la simple baise entre nanas, c'est dommage), c'est globalement mal filmé, lourd et un peu trop bobo sur les bords, du coup Gloria perd tout son piquant de jeunesse, Frances devient fade et on finit par ne plus croire en rien.
Une défaite aux portes du présent, comme quoi, certaines fois, il faudrait se contenter d'un premier adieu et accepter qu'avec le temps tout s'en aille pour que la beauté persiste et non le ridicule !