Après le chef-d'œuvre Baise-moi, on avait peur que Virginie Despentes, avec ses actrices bancables, fasse de cette « première romance lesbienne punk du cinéma français » un film franchouillard pèpère qui rentre trop dans les clous. Et bien non, ce n'est certes pas un film parfait, mais ses forces et ses faiblesses ne sont pas du tout là où on les attend. Après l'explosion de violence punk de Baise-moi, Bye Bye Blondie est une explosion de sentimentalité très crédible, à vif, à couper au couteau. Le quatuor d'actrices est à son meilleur dans les scènes de tendresse, qui met le doigt sur les conflits de couple. Et le fait que ce soit lesbien et punk ne gâte en rien l'originalité étonnante de ce film qui ne suit pas les codes, mais a la force d'en créer de nouveau.
Le film est punk des deux côtés de la caméra, en fin de compte, sans esbrouffe. Et en tant que tel, il est parfois brouillon et inégal : le montage est souvent limite bizarre, le scénario est par trop linéaire et n'a finalement que très peu de fulgurances. On a juste l'impression que Despentes s'attarde des fois sur des scènes secondaires, non essentielles, et que d'autres scènes manquent pour donner à l'ensemble une vraie complétude. Dans ces domaines, Baise-moi était beaucoup plus accompli. Mais Despentes assure là où c'était le plus difficile, c'est-à-dire l'humain, le réalisme, l'à fleur-de-peau. Sans jamais tomber dans le niais ni le caricatural. C'est aussi beaucoup dû aux actrices (et à l'acteur Pascal Diggory) qui sont toutes impressionnantes, et fonctionnent avec une vraie bonne chimie. Bye bye Blondie n'est pas un grand film, mais c'est un film franc du collier qui fera date et pourra véritablement servir de modèle dans son traitement du lesbianisme et de la punkitude.