Pigeon. Oiseau à la grise robe. Dans l'enfer des villes à mon regard tu te dérobes...
Génial, dérangeant, dérangé.
Original sur le fond comme sur la forme, C'est arrivé près de chez vous est délirant de bout en bout.
Le principe, un documentaire sur un tueur en série, donne déjà le ton.
Subversif, sans nul doute. Gore, indéniablement. Habile ? C'est mon avis.
Je l'avais noté 10 sur un souvenir, il écope cette fois d'un 9 en raison de quelques longueurs malgré tout, et d'un côté un peu répétitif.
Mais ne vous y trompez pas, c'est un film expérimental réussi en tous points.
Présentant ce tueur cynique et froid, à la fois très professionnel, détaché et un peu loser.
On s'y attache même, tant sa vie présente des aspects pathétiques.
Tant on se désole pour cet homme raciste, homophobe, sans doute cultivé d'une certaine manière mais qui l'étale avec une telle maladresse que ça en devient risible.
Recueil de répliques devenues cultes, c'est aussi un film noir suffisamment exagéré pour que la violence et les assassinats ne servent finalement que de toile de fond à une quasi-comédie.
Le glissement progressif de l'équipe tournant le docu, de simples observateurs à quasi-complices (voire complices tout court) est intéressant.
Tout comme l'ascendant que prend insidieusement Benoit sur ses nouveaux amis.
Confidents, compagnons, on sent toute la solitude du tueur, et la douloureuse conscience qu'il en a.
Alternant avec brio le sérieux et le burlesque, le "travail" de Ben proprement dit et ses états d'âme, ses longs monologues pseudo-philosophiques, le film tient en haleine la plupart du temps, à l'exception notable de quelques petits flottements compréhensibles pour l'un des premiers films de Poelvoorde (enfin Belvaux à la réal).
Une franche réussite quoi qu'il en soit.