Documentaire parodique belge qui mélange les genres de manières prodigieuses, C’est arrivé près de chez vous met en scène une équipe d’apprentis réalisateurs qui suivent un tueur dans son joyeux quotidien. Le film dénonce avec un humour noir (trépas noir), qui dépasse largement les frontières de l’acceptable, la standardisation de l’hyper violence dans les médias et à la télévision, en imitant l’émission Strip-tease que je ne connais que de nom.
Ce qui m’a convaincu : l’originalité de la réalisation, le mélange des ambiances, très borderline, l’humour, un peu bobo, mais souvent efficace (même si j’ai rarement ri aux éclats). Certaines séquences m’ont tout de même amusé, la séquence de l’hôpital avec l’apitoiement ouvert de la famille de Ben sur le voisin de chambrée sénile, la critique de l’architecture de Frank Lloyd Wright, les envolées poétiques inattendues du tueur…
Ce qui m’a littéralement dérangé : l’humour au-delà du noir, carrément sordide, difficilement appréciable (en ce qui me concerne), comme l’infanticide qui n’émeut personne, le viol dans sa représentation (car je dois reconnaitre que les gesticulations de Poelvoorde m’ont tout de même amusé). Les allusions racistes et homophobes du tueur m’ont agacé, car elles ne découlent d’aucune blague, ce sont juste des répliques qui soulignent le fait que le personnage est un gros lourd intolérant, sans scrupule et sans empathie. Encore pire que tout, la référence ignoble au petit Gregory est infâme. Honnêtement, j’ai trouvé ça dégoutant.
Dans la forme, le schéma narratif est un peu bancal, avec de nombreux passages à vide. Je n’ai pas compris l’usage du noir et blanc.
Que dire d’autre ?… J’ai trouvé la fin étonnement réussie, une conclusion qui remet tout ce que nous venons de voir en perspective, avec une gravité surprenante. Je ne suis pas fan de Benoît Poelvoorde, j’avoue que je ne suis pas attiré par les films dans lesquelles il joue. Mais, je reconnais volontiers son talent. En réalité, il brille d’inventivité dans ce rôle. J’ai l’impression qu’au-delà de l’interprétation, sacrément culotté, il a une répartie détonante. En revanche, j'ai trouvé Rémy Belvaux très mauvais lors de ses passages éclair derrière l'écran. Il ricane du jeu de Pelvoorde et ne parvint pas à garder son rôle. Il est très amateur, ce qui peut se comprendre compte tenu de la dimension de film de fin d'études de cette production.
Alors, en conclusion, je comprends que le film soit devenu culte dès sa sortie, car il sort des sentiers battus, et on devine une profonde analyse pour tous les sujets abordés. Mais, en ce qui me concerne, j’ai trouvé, dès les premières minutes, que cette histoire d’équipe de productions suivant la vie d’un meurtrier est, certes étonnante, mais aussi complètement grotesque, avec des passages lunaires, qui n’ont tout simplement aucune crédibilité. Difficile de regarder un film dans lequel on ne prend aucun personnage en empathie. Je n’ai pas aimé. Je n’ai pas détesté non plus. Ce qui est certain c’est que le film ne m’a pas laissé indifférent. Comment le pourrait-il ? Cette violence exacerbée, absolument décomplexée, m’a vraiment trop mis mal à l’aise pour que je puisse passer un véritable bon moment. Si ce n’est sans doute pas le but final de l’œuvre, le sentiment est bien là, je suis franchement perplexe et je n’arrive pas à me réjouir de ce moment passé.