Poelvoorde est Ben. Et Ben me permet, pour la première et sans doute la dernière fois, de supporter la voix refoulée de Poelvoorde pendant plus d'une heure. Ben gamberge beaucoup, il s'agite rarement pour ne rien faire : quelle que soit la scène qui s'apprête à s'enclencher, on comprend qu'il va se passer quelque chose de tellement prosaïque que c'en est hors-du-commun.
C'est un poel trop long, mais on en oublie le rythme de croisière du film, Ben en est le capitaine et les vagues judiciaires ne lui font pas peur. Dans l'histoire sustentée, s'il y en a une, on nous chuchote tout le long que les clés d'une discussion qui s'éternise se trouve à la porte de celle-ci : il ne faut jamais la commencer, ne jamais y entrer. Sauf quand votre interlocuteur s'appelle Ben.
«C'est arrivé près de chez vous», sous la tutelle d'une banalité dangereuse qu'il accuse, parvient mieux que n'importe quelle oeuvre d'auteur subversive à faire valoir une sincérité; pure, dure et intangible. Un film qui pose son cul sur la scène du cinéma, que personne n'a invité mais qui s'impose comme une évidence, qui s'expose comme un monument de provocation.