IT s'inscrit dans la mode actuelle des films et séries nostalgiques des années 80, parmi lesquels on compte ceux qui se déroule à cette époque et pastichent Spielberge entre autres: Super 8, Stranger Things... Et les franchises de cette période : Star Wars, Star Trek, Jurassic World... Maintenant, les studios s'attaquent aux succès littéraires de l'époque, et quoi de mieux pour cela que d'adapter les livres de Stephen King : La Tour Sombre, et IT en dernier né.
On a donc droit à un film bourré de références et de clins d'oeil glissés à divers moments, comme on en a l'habitude à présent. Andrès Muschietti a donc choisi que le chapitre 1 se déroulerait dans les années 80 et non dans les années 50 comme c'était le cas dans le bouquin. C'est un bon choix marketing, mais pas forcément la meilleure solution artistique. D'emblée, le film est banalisé dans son ambiance, et il est moins personnel que le livre. En effet, pour King, les 50's, c'était la décennie rêvée, la promesse de la réussite du rêve américain. Alors que les 80's en sont l'échec, les traumatismes des 70's sont passés derrière, c'est le règne de Reagan et des yuppies de Wall Street... la désillusion, qui accompagnait aussi nos héros devenus adultes.
Mais bref, entrons dans le vif du sujet. Disons tout de suite, la plus grande réussite du film est la relation qui unit les enfants entre eux. Bill, Beverly, Ben, Richie, Eddie, Stan, Mike, on s'attache à chacun d'eux, et ils ont une particularité qui fait de chacun un loser à sa façon. L'alchimie du groupe fonctionne, et les jeunes acteurs sont bons. La bande est calquée sur celles qu'on retrouve dans les classiques des 80's : les Goonies, Stand by me, E.T...
Autre point fort, leurs parents. Ils sont plus effrayants que le clown tueur. Leurs névroses débordent, que ce soit l'indifférence rancunière, le désir incestueux, ou la fusion étouffante avec sa progéniture, leurs démons sont terrifiants.
Mais là où le bas blesse, c'est qu'à aucun moment je n'ai trouvé IT effrayant ne serait-ce qu'un poil. La musique omniprésente et trop annonciatrice gache les effets horrifiques en les surlignant trop. Les jump-scares sont faciles, la mise en scène est banale, et les diverses apparences que revêt Pennywise sont parfois mal faites: comme le monstre du tableau. Il faut reconnaitre que celles réalisées en "réel", sans images de synthèses sont convaincantes, comme le lépreux. Les situations de tensions sont divertissantes, mais trop clichées et prévisibles, ou poussives, comme le Pennywise géant dans le garage.
Venons en à la créature en elle-même. Son design succède dignement à celui de Tim Curry dans le téléfilm des années 90. Au lieu de la couleur, et de l'aspect trapu et grotesque, on a un clown plus grand, élancé, plus sombre, intemporel dans son costume, et glauque dans son faciès. Il est regrettable toutefois de se dire que certains effets spéciaux vont mal vieillir, peut-être moins que ceux du téléfilm, mais quand même.
Ce qui était gênant aussi, c'était l'ambiance de la ville de Derry, qui a été baclée. On ne ressent pas assez que la petite bourgade entière est sous l'emprise d'un monstre, que son influence dure depuis des siècles, depuis le début, dans les comportements du quotidien. Cette violence ordinaire, qui touche aussi les enfants, et pas seulement par leurs parents ou par la bande de Henry Bowers...
Malgré tout, c'est agréable de voir un film d'épouvante muni d'un scénario plus riche que la moyenne des productions actuelles. IT de Muschietti est une honorable adaptation de chef d'oeuvre de King, sans pour autant prétendre l'égaler ou être inoubliable. Dans mon cas en tout cas, car ce Pennywise semble déjà s'inscrire avec succès dans la culture populaire.
Les adaptations de King vont encore se multiplier, pour le meilleur, et peut etre jusqu'à l'overdose du filon. Le second volet sera un défi. Dans le livre, le passé et le présent du club des losers se mêlait, ce qui nous maintenant bien en haleine, car la partie avec les adultes était moins attachante que celle des enfants dans mes souvenirs.
Je reste aussi curieux de savoir ce qu'aurait donné le projet, s'il restait entre les mains du génial cinéaste Cary Fukunaga. On peut toujours lire le scénario en ligne, et imaginer... en attendant la suite. Pas dans 27 ans, mais dans 1 ou 2 ans...