Dans la famille des traductions de titre pourries, les filles : le premier film adulte de Jodie Foster, qui a fini de se jouer grande ado, et un pari assez osé de confier une histoire fourbie d’émotions à de jeunes actrices. D’ailleurs, Lyne ne nie pas ses inspirations de Bugsy Malone et Saturday Night Fever, des films qui réfléchissaient sur les nouvelles définitions de la jeunesse alors que tous les codes glissaient : les parents sont assez jeunes pour être teintés de baby power et de flower boom, donc ils font de leur mieux pour comprendre leurs enfants, sans y parvenir pourtant.
Sous l’influence de cette génération qui se cherche mais ne se trouve que dans les drogues, l’ambiance du film a des très hauts et des très bas : parfois le casting vibre à l’unisson de ce qu’il transmet, et parfois les notes bien accordées de ce désorde historique se transforment en bruit de fond et l’on a l’impression de râcler le fond rêche de l’œuvre, où les choses se passent un peu nonchalamment et que l’on se surprend à être distrait.
Cette faute est peut-être à chercher dans l’individualité des quatre actrices principales, qu’on détache à l’occasion de leurs liens d’amitié et familiaux pour les lâcher dans un vide auquel, malgré leurs revendications, elles ne sont pas prêtes. Si c’était voulu pour les personnages, ç’aurait été une métaphore de plus, mais j’ai bien parlé les actrices : elles perdent un peu pied parfois, dans ce Los Angeles dont on ne montre du faste que l’aura et les lueurs figées depuis des collines qu’E.T. grimpera deux ans plus tard.
En fait, la réalisation est empruntée à chaque fois que c’est un élément du film qui devrait l’être. Cela n’enlève rien à une montée en puissance discrète et à l’audace scénaristique emmenant les teens jusque sur les routes sombres, peu rassurantes, où rôdent les bandes et les autostoppés creepys. Lyne, sentant qu’il marchait dans les pas de plus grands que lui et jouant sur le terrain même du cinéma, aurait pu se permettre de prendre bien moins de risques. Sa tentative a fonctionné : il a lancé toutes ses interprètes sur de bons rails et se fait une place discrète mais méritée dans le genre des teen movies américains.
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