Cela fait plaisir de revoir Kim Jee-woon dans un projet personnel, tant depuis une dizaine d'années ses longs-métrages ne pouvaient guère susciter l'enthousiasme. Sous forme de comédie souvent burlesque, voire même de vaudeville, Ça tourne à Séoul ! parle évidemment des affres de la création, chez un cinéaste, thématique plutôt dans l'air du temps, dans un contexte très particulier, celui de la Corée du Sud des années 70, sous dictature militaire, avec une censure artistique très présente. Ces éléments figurent dans le film mais n'en constituent cependant pas la moelle, tant un esprit volontairement foutraque semble le balayer dans un capharnaüm complet, du début à la fin. Au premier degré, c'est donc un divertissement, moyennement drôle, cela risque de varier selon les goûts, et quand même un peu répétitif malgré ses ruptures de ton et ces multiples passages de la couleur au noir et blanc et inversement. L'exercice de style, aussi touffu soit-il, ne méritait pas de durer plus de 2 heures et il est assez raisonnable d'estimer que sur 1H30 seulement, le film aurait gagné en pertinence et en efficacité et n'aurait pas tourné ... à vide, à plusieurs reprises. Au-delà de cet obstacle majeur, ne boudons pas le plaisir de goûter certaines scènes virtuoses et une interprétation de grande qualité, Song Kang-ho soit loué. Un film mineur de Kim Jee-woon restera toujours plus intéressant qu'une œuvre réussie d'un réalisateur au talent limité.