Putain j’en peux plus...
Mais allez ! Envoyez-moi tout ça au laogai, qu’on en finisse avec cette prolifération d’egos !
Non mais on en est vraiment arrivé là ? On en est vraiment arrivé à un tel culte de soi que même les cinéastes coréens en sont réduits désormais à se filmer le nombril ?!
Marre de ce cinéma qui ne parle que de cinéma ! Le Babylon de Chazelle ! Le Fabelmans de Spielberg ! Le Coupez ! d’Hazanavicius ! Le Once Upon A Time de Tarantino… Et tous ceux déjà faits avant ! Birdman, La La Land, Douleur et gloire, Drive My Car, Sunhi, Avé César, The Artist, Rock n’ Roll, Bal des actrices, Nuit américaine ! Pitié mais n’en jetez plus !
En allant voir ce Ça tourne à Séoul !, j’espérais sincèrement que Kim Jee-Woon saurait rompre avec cette culture du touillage de nouille pour mieux nous proposer un vrai spectacle original autour du sujet cinéma, mais non.
Non et même trois fois NON.
Tout y est !
L’artiste torturé ! Les critiques lâches et cruels ! L’actrice à caprices ! Le producteur désintéressé par l’art ! Jusqu’aux mêmes scènes qu’on a déjà vu dix fois dans tous ces autres films traitant du même sujet !
Putain ! Déjà dans Babylon je disais à quel point j’en avais eu ras le cul de me rebouffer le gimmick de la scène rejouée ad nauseam ! On l’avait déjà quasiment à l’identique soixante-dix ans plus tôt dans Chantons sous la pluie et je ne compte plus les films qui, depuis, y sont allés de leur déclinaison plus ou moins inspirée !
Eh bah là – bim ! – on nous remet ça ! C’est long ! Prévisible ! Surfait ! Surjoué !
…Comme tout le film en fait !
Alors après, je ne dis pas, il y a bien deux ou trois trucs qui font qu’un film de Kim Jee-Woon n’est jamais un film totalement à jeter.
C’est toujours aussi maitrisé plastiquement. De même, il y a bien un ou deux détails peuvent éventuellement amuser ou distraire comme ces interconnexions que le scénario parvient parfois à tisser entre les différents niveaux d’intrigue, ou bien encore cette capacité que le film a de vouloir valoriser en permanence son personnage principal par rapport à ses intentions, quand bien même celui-ci semble-t-il manifestement dénué de tout talent…
…Mais bon, qu’est-ce que ça pèse tout ça par rapport à tout le reste ?
Raaah ! Mais tout ce reste ! Mais quelle purge !
Putain mais ça pue l’autodérision auto-congratulatrice en permanence !
On se moque à gros traits de soi pour mieux souligner juste derrière à quel point on n’en reste pas moins admirable de par la dévotion totale qu’on est capable de témoigner à son art.
C’est du burlesque narcissique tout du long. C’est tellement caricatural que Kim Jee-Woon lui-même ne semble même pas se rendre compte à quel point tout son film pue la balourdise.
Mido qui saoule Kim. Mido qui se frite avec Yu-Rim. Yu-Rim qui fait tourner la tête au producteur. Yu-Rim qui fait tourner en bourrique son partenaire de scène et de vie…
Et à chaque fois il faut que tout soit répété deux, trois à quatre fois ! Et à chaque fois en rajoutant des caisses ! Et parfois même en rajoutant des voix off tellement on ne cherche même plus la subtilité ! Tellement on ne cherche même plus l’effort !
Ras le cul de ces films égoïstes qui sont tournés pour le bon plaisir narcissique de leurs auteurs !
Peut-être celles et ceux qui vénèrent les cinéastes comme des veaux d’or y trouveront leur compte mais moi ça me gonfle. Et l’effet d’accumulation n’aide clairement pas.
Alors pitié, messieurs et mesdames les cinéastes, arrêtez donc de vous regarder le nombril et rappelez-vous ce qu’est avant tout le cinéma.
Le cinéma c’est la mise en mouvement. C’est le regard sur le monde. C’est l’illusion devenant, le temps d’une projection, un autre espace de vie, de sensation et de pensée pour le spectateur.
Le cinéma qui regarde le cinéma c’est un peu comme le télescope spatiale qui ausculte sa propre station. Ça n’a pas de sens. C’est abscons…
C’est con.
Alors non, qu’on ne tourne plus à Séoul ! Du moins qu’on ne tourne plus autour de soi ! Pitié ! Plus jamais !
Plus à Séoul ! Plus à Paris ! Plus à Berkeley ! Nulle part ! Jamais !
Remettons le cinéma à l’endroit et tournons à nouveau les caméras dans la bonne direction.
Car ça commence à bien faire tous ces narcisses qui passent leur temps à se peler l’oignon.