D'abord, il faut dire combien Michael Haneke, auteur dont je ne suis la carrière qu'en pointillés (...sans doute plus par peur que par manque d'intérêt, tant ses films sont redoutables...), est un immense metteur en scène : conjuguant brillamment la neutralité abjecte des caméras de vidéo-surveillance avec les codes du thriller psychologique, démontrant une précision absolue du regard - supporté par une image en vidéo HD d'une exactitude totale - porté sur les personnages, par ailleurs interprétés avec une remarquable ambigüité par l'ensemble du casting, Haneke donne ici une grande leçon de cinéma. Mais "Caché", pour malaisant et fascinant qu'il soit, a surtout l'importance de son thème sous-terrain, le "retour du refoulé", de la barbarie, derrière la façade lisse de la culture occidentale. La lâcheté d'Auteuil est la nôtre, devant les massacres de la guerre d'Algérie comme devant l'invasion de l'Irak : le message est clair et implacable, derrière la perfection terrible de la démonstration. [Ecrit en 2004]