Adapté du roman « Le contexte » (« Il contesto ») (1971) de Leonardo SCIASCIA (1921-1989) dont c’est le 4e roman à 50 ans et qui sera, plus tard, député italien puis européen (Parti Radical), le film est une illustration des années de plomb en Italie en s’intéressant à la collusion entre le pouvoir judiciaire et la mafia ainsi que la manipulation de l’opinion par le gouvernement d’obédience démocrate-chrétienne qui souhaite faire des partis de gauche [Parti Communiste Italien (P.C.I.) et extrême-gauche] un bouc-émissaire (stratégie dite de la tension) et qui doit aboutir au compromis historique c’est-à-dire l’alliance entre la Démocratie Chrétienne et le P.C.I. (pour qui « la vérité n’est pas toujours révolutionnaire »). Loin d’un cours ennuyeux d’histoire politique, Rosi aborde le sujet sous l’angle du thriller et de l’enquête policière, celle de l’inspecteur Rogas (Lino VENTURA) sur l’assassinat de 3 juges en 20 jours. Son personnage rappelle celui du procureur Henri Volney (Yves Montand) de « I comme Icare » (1979) d’Henri Verneuil qui « finit par se bruler les ailes en cherchant à atteindre la vérité ». Le réalisateur dépeint bien une société italienne en déliquescence, d’une part, par l’abondance de scènes nocturnes ou d’intérieur en lumière artificielle (grâce au talent du chef opérateur Pascalino de SANTIS dont c’est la 6e collaboration sur 13 avec le réalisateur) et d’autre part, par des références régulières à la mort (bien sûr, les assassinats de 6 juges mais aussi la scène du début, dans les Catacombes des Capucins à Palerme, « habitées » de squelettes et de momies). Le sujet n’est pas nouveau et avait déjà été abordé dans les années 1970’ par d’autres cinéastes, tels Elio Petri dans « Enquête sur un citoyen au-dessus de tout soupçon » (1970), Damiano Damiani dans « Confession d’un commissaire de police au procureur de la république » (1971) et Fernando di Leo dans « Milan calibre 9 » (1972).