A la vue du titre, on s'attend à un film "sériôle", à la fois drôle et sérieux dans lesquels s'est souvent illustré Lino Ventura ; on pense par exemple à Espion lève-toi, l'Emmerdeur et les Barbouzes. Mais il ne faut pas plus de quelques minutes pour comprendre que l'on est en face d'une oeuvre vachement sérieuse et lourdingue : les plans sont lents, les mines sont graves, la bande-son anxiogène. Pour sûr, la chose ne se présente pas sous les meilleurs auspices...
Nous sommes dans l'Italie des années 70, celle d'Après-guerre avec ses agitations sociales et politiques. Le vieux monde s'accroche à son Pouvoir alors que la jeunesse le conteste ; le tout sur fond de vague Rouge dont la contagion effraye l'Europe de l'ouest façonnée par l'Amérique.
C'est dans ce contexte que survient une série de meurtres qui ciblent les plus hauts magistrats du pays. La Sûreté dépêche alors son plus fin limier, Rogas (Lino Ventura), chargé de faire toute la lumière sur ces assassinats. Haut placé lui-aussi, il peut agir quasiment à sa guise, réquisitionner les services d'écoute et de surveillance, et se déplacer à son gré. La même arme a tué 4 juges et procureurs tout semble indiquer qu'un condamné à tort cherche à se venger. Mais l'inspecteur Rogas, plus il tire les fils, plus il se conforte dans l'idée qu'on veut l'entraîner sur une fausse piste. Découvrira-t-il ce qui se trame derrière tout ça ?
Le suspense et le charisme de Lino Ventura sont bien les deux éléments qui nous poussent à rester jusqu'au bout, un peu comme dans un épisode de Columbo : l'inspecteur arrivera-t-il à confondre le coupable ? Parce que comme je l'ai dit, le rythme est digne d'une personne marchant à l'aide d'un déambulateur, l'image n'est pas très belle aux couleurs ternes, et la musique est parfois involontairement ultra agressive.
Nous voilà donc devant un film plutôt mauvais, qui est sauvé par son scénario et une belle gueule pour lui donner vie. Un film sans intérêt donc, ou presque... mais qui a le mérite d'exister.