Vous vous souvenez de vos amours de vacances adolescents ? Ces histoires sans lendemain auxquelles on repense les yeux plein de chagrin ? Ces histoires aussi marquantes qu’éphémères sont souvent des point de rupture, des bouleversements. Premiers émois, premières palpitations, premières envies. Elles étaient à la fois simples et complexes. Alors imaginez quand il s’agit d’un adolescent et d’un homme plus agé…
C’est le sujet de Call Me By Your Name. Elio n’a que dix sept ans et il passe ses vacances dans une superbe demeure du Nord de l’Italie. Son père archéologue a fait venir Oliver, qui a sept ans de plus, pour passer l’été et travailler sur des statues antiques. L’un et l’autre vont se découvrir, s’apprivoiser et vivre intensément le temps d’un été, cachés à l’abri des regards.
Ecrit par James Ivory (Retour à Howard Ends, Chambre Avec Vue) qui a failli co-réaliser avec Luca Guadagnino avant de céder toute la place au metteur en scène italien, Call Me By Your Name bénéficie d’une mise en scène aussi sobre que naturelle, le réalisateur profitant avec abondance des décors et de la lumière naturels que l’Italie et la région de Crema en particulier offrent pendant l’été – la chaleur estivale venant renforcer la sensualité de l’oeuvre. Le montage est parfois abrupte mais la narration est parfaitement maitrisée. Nous sommes dans les années 80, au temps des bermudas courts, des espadrilles et des chemises aussi amples qu’ouvertes sur des corps prêts à se jeter à l’eau.
A travers le personnage de l’incroyable Timothée Chalamet qui vole la vedette à son binôme Arnie Hammer, le film évoque la fin de l’adolescence. Elio se découvre, il découvre ses émotions, et le plaisir. Il est aussi fragile que timide face à un Américain qui semble arrogant de prime abord. Leur relation, compliquée, va se mettre en place petit à petit mais une fois que les deux hommes se trouveront, le film explosera d’émotions et de sensualité. Les personnages sont tellement bien écrits qu’on se prend au jeu de leur relation, ne pouvant que leur souhaiter le meilleur.
Comme dans les romans français du 16e siècle évoqués dans un film d’ailleurs tourné en trois langues, Call Me By Your Name est une belle histoire d’amour qui va au delà des préjugés. D’ailleurs le fait que la relation soit entre deux hommes d’une différence d’age marquée n’est pas le cœur du film. Certes, ils font tout pour éviter les regards et être discrets mais Luca Guadagnino évite tous les clichés qu’une telle histoire aurait pu amener. On approuvera également le fait qu’une romance gay ne soit pas montrée comme “particulière” parce qu’elle est entre deux personnes du même sexe. Tout y est naturel. Et on se prend à se souvenir de situations qu’on a tous plus ou moins vécus avec ces fameux amours de vacances. Et si on n’avait pas osé lui parler ? Se dire les choses ? Et si on avait vaincu cette fameuse timidité si bloquante ? Et si on s’était revus ? Que ce serait-il passé ? Ces souvenirs de personnes qu’on pourrait appeler par notre prénom…
Il y a une douce mélancolie dans Call Me By Your Name qui nous rappelle la moiteur de l’été et ses amours qui finissent dans les larmes. Timothée Chalamet est lumineux dans un film aussi beau et romantique qu’émouvant. Une splendide histoire d’amour.